Dans ce roman, Jean Teulé récidive avec « Fleur de tonnerre » : un monstre terrible tapi sous les traits d’une enfant fragile, une beauté du diable.
Hélène Jégado, va parcourir sa Bretagne natale, pour offrir ses services de cuisinière à tous ceux qui veulent bien l’engager. Charmante, enjôleuse avec les pieds bien ancrés dans la lande bretonne, fin cordon bleu, elle sait partout se faire apprécier. Dans une époque où la médecine est encore une estime d’à peu près, les traditions légendaires dominent encore les régions reculées et, la mort prend tous les noms de la peur. L’inculture générale, et médicale surtout, aidera Hélène dans sa mission dévastatrice auprès de ses compatriotes. Là-bas, dans le grand ouest de la France, les distances sont grandes car l’on va à pied, mais l’on se connait : aussi, Hélène sera-t-elle recommandée et trouvera facilement du travail. On accordera juste de la pitié pour cette enfant qui garde la tête haute malgré les drames entourant son parcours. Le temps passant et l’âge venant, sa timidité s’évanoui, sa langue se délie. On appréciera la justesse de ton employée par jean Teulé dans les propos d’Hélène, qui, au final, ne ment jamais sur ses dessins…
Il en va de même pour tous les apôtres du crime, le geste crée l’habitude, le banalise au point de chercher toujours un défit plus grand. Hélène ne s’affranchira pas de cette logique immuable lorsque le destin placera sur sa route un expert en affaire criminelle. L’existence d’un tel personnage deviendra son ultime défit : n’est-elle pas une incarnation de l’Ankou que seuls les candidats au trépas peuvent voir ?
Tirés de histoire vraie (voir la bibliographie impressionnante sur le sujet en fin de cet article) et effrayante, jean Teulé signe là un grand roman de plus.
Présentation de l’éditeur
Hélène Jégado a tué des dizaines de ses contemporains sans aucune raison apparente.
Quels secrets renfermait cette tête qui, le 26 février 1852, sur le Champ de mars de Rennes, roula dans la corbeille de la guillotine ?
C était au temps où l’esprit des Lumières et le catéchisme n’avaient pas soumis l’imaginaire populaire aux lois de la raison et du Dieu unique. Partout en Bretagne, dans les forêts et les landes, sur les dunes fouettées par les vents fous de l’Atlantique, couraient les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait inlassablement les manigances des êtres surnaturels qu’on savait responsables de la misère et des maux qui frappaient sans relâche. De tous, l’Ankou, l’ouvrier de la mort, était le plus craint, et c’est cette terrible image qui frappa avec une violence inouïe l’esprit de la petite Hélène Jégado. Blottie contre le granit glacé des gigantesques menhirs, l’enfant minuscule se persuada qu’elle était l’incarnation de l’Ankou. Elle devait donc tuer tous ceux qui se trouveraient sur sa route et remplit sa mission avec une détermination et un sang-froid qui glacent le sang. Après avoir empoisonné sa propre mère qui l’avait surnommée « Fleur de tonnerre », elle sillonna la Bretagne, éliminant sans la moindre hésitation tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette cuisinière si parfaite. Elle tuait tout le monde, hommes, femmes, enfants, vieillards et nourrissons. Elle empoisonnait dans les maisons, dans les presbytères, dans les couvents, dans les bordels. Et elle était si bonne, si compatissante aux chevets des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. Au contraire, on plaignait cette personne si dévouée que la malchance conduisait toujours dans des familles victimes de la guigne. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre, le jour où elle s’attaqua à un ancien juge, expert en affaires criminelles. Hélène Jégado reste la plus grande « serial killer » de France et, sans doute, du monde entier.
L’auteur
Jean Teulé est l’auteur de quatorze romans, parmi lesquels Je, François Villon, qui a reçu le Prix du récit biographique ; Le Magasin des suicides a été traduit en dix-neuf langues. Son adaptation en film d’animation par Patrice Leconte est sortie sur les écrans en 2012, comptabilisant à ce jour plus de 250 000 entrées. Darling a été adapté au cinéma par Christine Carrière avec, dans les rôles principaux, Marina Foïs et Guillaume Canet ; Les Lois de la gravité, déjà transposé au théâtre par la compagnie du Brasier, a aussi été adapté par le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld sous le titre Arrêtez-moi !, avec Miou-Miou et Sophie Marceau (sortie en février 2013). Le Montespan, prix Maison de la Presse et Grand Prix Palatine du roman historique, sera le prochain film d Olivier Marchal. Charly 9, son précédent roman paru en 2011, a reçu un accueil unanime dans la presse, comme auprès des lecteurs. La totalité de l’œuvre romanesque de Jean Teulé est publiée aux Éditions Julliard.
Description du produit
- Broché: 288 pages
- Editeur : JULLIARD (7 mars 2013)
- Langue : Français
- ISBN-10: 2260020429
- ISBN-13: 978-2260020424
- Dimensions du produit: 20,4 x 13,4 x 3 cm
Bibliographie :
- Anonyme, Affaire d’Hélène Jégado, accusée de nombreux empoisonnements [à l'arsenic et de vols au préjudice de ses patrons successifs]… Arrêt de la Cour portant condamnation à mort de la fille Hélène Jégado, Rennes, au bureau du « Progrès » et chez les libraires, 1851, 240 pages.
- Anonyme, Crimes commis par Hélène Jégado, domestique, Agen, J.-B. Barrière, 1859, 4 p.
- Anonyme, Exécution d’Hélène Jégado, Nantes, impr. de V. Mangin, 1852.
- Anonyme, Hélène Jégado. Empoisonnements [à l'arsenic de Rosalie Sarrazin, Perrote Macé et Rose Texier]. Vols. Condamnation à mort, Nantes, impr. W. Busseuil, s. d., 2 p.
- Anonyme, L’empoisonneuse Hélène Jégado accusée d’avoir attenté à la voie de 57 personnes dont 25 ont succombé, Joinville, A. Lebrun, 1863, 2 p.
- Anonyme, L’empoisonneuse Hélène Jégado, Meaux, Impr. de A. Cochet, 1864.
- Fouquier A, série Causes célèbres de tous les peuples, 32 pages, 1865.
- Pierre Bouchardon, Hélène Jégado. L’empoisonneuse bretonne, Paris, Albin Michel, 1937, 252 pages.
- Bouchardon Pierre, « La Brinvilliers du XIXe siècle : l’empoisonneuse Hélène Jégado », Revue internationale de criminologie et de police technique vol. V, 1951.
- Le Saout Georges, Hélène Jégado, portrait d’une empoisonneuse, discours de rentrée à l’audience solennelle de la Cour d’appel de Rennes, 16 septembre 1968, Rennes, Les Nouvelles, 1968, 37 pages.
- Parsons Jacques, Quelques empoisonneuses [Marie Lafarge, 1840; Mme Boursier, 1823; Euphémie Vergès, Mme Lacoste, 1843; Hélène Jégado et Jeanne Weber, 1906, Histoire de la médecine, 1974.
- Meazey Peter, La Jégado, l’empoisonneuse bretonne, La Plomée, 1999, 149 pages.
- Meazey Peter, La Jégado, l’empoisonneuse bretonne, Astoure, 2006.
- Christophe Belser et Jacques Rouzet, Les Grandes affaires Criminelles d’Ille-et-Vilaine, De Borée, 2006 (OCLC 470597451).
- Tsikounias Myriam (dir.), Éternelles coupables. Les femmes criminelles de l’Antiquité à nos jours, Paris, Autrement, 2008, 208 p.
- Collectif, Les Grandes Affaires Criminelles de Bretagne, De Borée, 2009.
- Anne-Emmanuelle Demartini, Loïc Cadiet (dir.), Frédéric Chauvaud (dir.), Claude Gauvard (dir.), Pauline Schmitt-Pantel (dir.) et Myriam Tsikounas (dir.), Figures de femmes criminelles : de l’Antiquité à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Hommes et Société », 25 mars 2010, 352 p. (ISBN 978-2-85944-631-4), « La figure de l’empoisonneuse, de Marie Lafarge à Violette Nozière », p. 27 à 39.
- Sylvain Larue, Tueurs en série de France, De Borée, Paris, 2010.
- Serge Cosseron et Jean-Marc Loubier, Femmes criminelles de France, De Borée, 2012.
- Chloé Chamouton, Histoires vraies en Bretagne, Papillon Rouge, 2012.
- Jean Teulé, Fleur de Tonnerre, Julliard, 2013.