Parce qu’on en a beaucoup entendu parler depuis la 63ème Berlinale où il a reçu la Mention spéciale du jury, et parce que chez Union Street on aime beaucoup Monsieur Gus Van Sant, on avait hâte de voir Promised Land et d’ores et déjà ce qu’on peut vous dire c’est que le résultat est à la hauteur de nos attentes !
Pour la troisième fois ici, Matt Damon fait appel à Gus Van Sant pour mettre en scène l’un des scénarios qu’il a écrit, une fois n’est pas coutume, avec un autre acteur du film, en l’occurrence John Krasinski. Le verdict est sans faille, 15 ans après leur première fois dans Will Hunting, le duo Damon/Van Sant fonctionne toujours aussi bien. Si bien même qu’on serait presque tenté de faire un parallèle entre les deux films, tant les ressemblances sont parfois évidentes. Ainsi, tout comme le premier, le second s’intéresse à la révélation à lui-même d’un homme grâce à l’intervention d’un tiers, filme de l’intérieur un milieu populaire et tente de trouver un équilibre entre l’émotion et l’humour. Oui mais voila, la ressemblance s’arrête là, et Promised land est un film qui, même s’il ne marquera sans doute pas autant les esprits que Will Hunting, aura du moins le mérite d’éveiller les consciences et les esprits.
Car Promised Land c’est d’abord un film qui traite de l’écologie, un film qui s’approprie parfaitement cette phrase de Saint Exupéry : « On n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants ». Rien de bien étonnant, me direz-vous, quand on sait que Gus Van Sant et Matt Damon sont tous deux de fervents écologistes ; Damon ayant créé en 2009 sa propre fondation pour l’accès à l’eau potable en Afrique. Pour résumer, Promised Land, c’est l’histoire de Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, qui se rend avec une collègue dans une petite ville de campagne afin d’offrir à ses habitants une lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant pour les deux consultants va pourtant s’avérer être beaucoup plus difficile que prévu lorsqu’un enseignant respecté, soutenu par un activiste écologiste, critique le projet. En découle alors la problématique du pour ou contre l’exploitation du gaz de schiste et les nombreux enjeux écologiques qui vont avec. Mais ce n’est pas tant là que se situe l’intérêt du film, que dans la thématique du clash des mentalités qui intervient au second plan, entre d’un côté les partisans du non au projet qui veulent conserver leurs terres et de leurs les partisans du oui, avides de richesses et de modernité. Finalement, ce clash des mentalités n’est que le reflet de la complexité de notre protagoniste. Notre protagoniste qui, depuis le tout début, se rêve en héros alors qu’il a fondamentalement l’impression de n’être qu’un imposteur ; notre protagoniste, qui, jusqu’à la fin, s’efforce de défendre un discours auquel lui-même a de plus en plus de mal à croire.
Au-delà du message éco-friendly, on ressort de ce film avec une question qui nous trotte dans la tête : quel sens donner à la vie ? Quel sens donner à nos vies? Car s’il est une chose que Van Sant sait très bien faire, c’est éveiller nos esprits sans jamais ne recourir à autre chose qu’à la subtilité. Alors si vous aussi vous voulez vous laisser entraîner par un long moment de sincère émotion, filez au ciné !
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