FAST FILM,
animation,
réalisé en 2003 par Virgil Widrich
(Autriche)
Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas montré un film dans son intégralité. Or je retrouve sur internet une (pas très) vieille connaissance, un objet-film étonnant qui est aussi un très bel hommage au cinéma hollywoodien des années classiques. Vous connaissez peut-être d'ailleurs. Fast Film (Autriche, 2003) est une oeuvre de purecréation qui, en 13 mn 50, recycle pas moins de 65.000 photogrammes extraits de 300 films du Grand Hollywwood. Mais comme vous allez vous en rendre compte d'ici quelques instants, je l'espère, il ne s'agit pas d'un simple montage d'images existantes. Virgil Widrich, son réalisateur, entouré d'une petite équipe, a imprimé, collé, plié, trituré ces milliers d'images pendant deux ans, pour en faire des objets tri-dimensionnels souvent complexes, filmés au final avec une caméra d'animation. A mon avis, le résultat est au niveau de cet extraordinaire travail de conception et de réalisation artisanale : entre cinéma et arts plastiques, Fast Film est en tout état de cause une oeuvre d'art. Une forme de désordre réjouissant dans lequel on pourrait reconnaitre un acte surréaliste.
Et rien n'empêche de s'y amuser en reconnaissant les acteurs et actrices, les personnages, les situations, les titres des films utilisés.
Un Making of aussi foutraque (sic, bien sûr) que le court-métrage lui même en ce qu'il montre les méthodes utilisées (en allemand sous-titré en anglais, mais c'est très visuel) ICI, sur le site de Virgil Widrich, lui même ICI. Le making of, qui ne fait que 4 mn peut, avec son allure "Méliès du pauvre" donner envie, ensuite, de visionner le film.
Bonne séance.
Pas grand chose à vous dire cette semaine. Mon ordinateur continue à être malade et je suis moi-même en arrêt de travail, alors nous avons une collaboration paresseuse. Je lis peu, de très bons livres, je vois peu de films et aucun méritant cinq Chaplin. The place beyond the pines, un cinéma puissant comme c'est devenu rare aux US désormais, traduisant une réelle ambition, mais appuyé sur un scénario peu crédible. Film que je conseille néanmoins, notamment à celles et ceux qui supportent Ryan Gosling, la nouvelle poupée gonflable des écrans. Plus intéressant, NO de Pablo Larraín (Chili), porté par un acteur tout en subtilité et en émotion, Gael García Bernal, et qui nous fait revivre la campagne qui aboutit en 1988 à la chute du dictateur Pinochet, lâché en fait par l'opinion internationale, notamment américaine. Un des intérêts de ce film passionnant est de nous montrer ces événements du point de vue des concepteurs des deux campagnes, celle du NO et celle du SI, en n'oubliant jamais qu'un homme est un homme, qu'il ne saurait se réduire à un rôle social (idem d'une femme comme le personnage plus qu'attachant d'ex interprété par la précieuse Antonia Zegers, fidèle du réalisateur).
Les sorties de cette semaine seront peut-être plus séduisantes que celles des semaines passées, avec un Won Kar Wai, The Grand Master (tiens, pourquoi un titre américain pour un film chinois ?) et le nouveau Gus Van Sant , Promised land, dont le précédent film, Restless était si délicat et émouvant.
Je vous souhaite une très bonne semaine et du soleil et un bon moral.