On dit bien le « père » d’une oeuvre, donc le roman que je viens d’achever est mon « enfant ». Il est né. La conception a été magnifique, exaltante, avec le cours de l’histoire, fluide, les coïncidences souvent de la vie réelle, les lectures croisées, les conversations : il s’est nourri de tout durant ces quelques mois (très peu par rapport aux romans précédents, mais il est vrai que je devais aussi passer du temps au reste de mes activités d’alors en radio et en télévision).
Et même la fin du roman n’est pas celle que j’avais imaginée, tant l’histoire m’a obligé à la suivre, dans ses méandres, ses surprises. Oui, un roman qui s’appellera « A toujours ! » et qui parlera de l’amour, des apparences, de la jalousie, du couple, des métiers où l’apparence compte beaucoup (ici une maquilleuse et un créatif dans la publicité, une restauratrice de tableau…), ce qui est le cas de plus en plus de personnes qui nous entourent, cette société du spectacle décrite par Debord déjà !
Et maintenant ? Le choc passé, celui de la fin de quelque chose qui nous a occupé et préoccupé durant des semaines. Une fois son souffle repris et le bonheur vécu, je commence à relire et puis à faire relire. Et là, c’est une belle surprise pour moi (vous en jugerez plus tard, j’espère !), comme je n’étais pas revenu en arrière pour reprendre l’un ou l’autre passage, je découvre comme un lecteur ou à peu près et je suis content, pour l’instant, de cette avancée fluide dans le texte.
Je vous en redonne un extrait ci-dessous et vous dirai ce qu’il adviendra de ce roman, sûrement édité en numérique d’abord…Et dessous un tableau magnifique d’une artiste belge, Anne Hermant, qui sera placé en tête du livre et qui aura une importance dans l’histoire, surtout par ses couleurs bleu et rouge. Merci à la vie de m’avoir permis cette rencontre aussi !
« Ce fut une nuit peu ordinaire. Alors que Cécile devait rentrer de son travail, il semblait qu’elle soit bloquée quelque part dans un aéroport londonien. D’ailleurs on pouvait le vérifier sur les réseaux sociaux en la localisant, ce que je lui avais déjà déconseillé de faire. Mais elle n’avait cure de ce genre de conseil.
J’avais du mal à m’endormir et par la fenêtre j’écoutais respirer la nuit : un train lointain, les voitures sur le viaduc de Braine, peut-être des animaux dans le bois proche. Je sentais les palpitations de la vie, celles qu’on ressent peu ou alors durant l’enfance quand on plonge dans les univers mystérieux des contes. L’un d’eux m’avait suggéré un parc peuplé de présences étranges, avec lesquelles il m’avait été permis de dialoguer. Adulte, il m’était encore arrivé d’en rêver. Ces matins-là me retrouvaient troublé.
On frappa à la porte de ma chambre. »