La solution au problème de la morale publique est de faire reculer l’État et non de gémir en public avec dans la besace de fausses solutions.
Par Michel de Poncin.
La propagande officielle, relayée par les médias, veut nous faire accroire que seuls les leaders socialistes n'étaient pas au courant. C'est vraiment fort drôle. La seule question qui se pose vraiment est de savoir pourquoi étant au courant Hollande s'est fait piéger jusqu'à le nommer ministre et chargé en plus de traquer les fraudeurs. L'on se retrouve sans doute devant les mystères insondables de la démocratie frelatée à la française. Il faudra en reparler.
En attendant, l'épidémie de moralisation nous place devant plusieurs aspects du fonctionnement intime de l’État qui expliquent pour une grande part le déclin de la France.
Le carriérisme politique
Ce carriérisme est une véritable plaie dont le coût fabuleux pèse lourdement sur l'économie du pays. Son existence même explique pour une grande part les épidémies de moralisation qui plusieurs fois ont saisi sans succès les dirigeants du sommet. La ligne de défense des politiques est de prétendre qu'ils ne s'enrichissent guère. À cette fin, ils mettent en avant leurs salaires qui, bien que coquets ne seraient pas terribles. C'est évidemment une grosse farce. L'essentiel n'est pas du tout là.
Citons pêle-mêle : les indemnités pour frais de mandat, les indemnités d'anciens ministres, les cumuls, la réserve parlementaire, les missions diverses, les droits au reclassement dans une fonction lucrative en cas de panne, les voitures avec chauffeur, les retraites fastueuses, les présidences de commissions, le financement public des grands partis politiques, le train de vie quotidien luxueux assuré par les fonds publics. Une grande partie de cet enrichissement indirect échappe à l'impôt. Il en résulte que, pour comparer avec le privé, il faut majorer d'un coefficient, certes inconnu, mais forcément élevé. Le rêve de l'écrivain Stendhal était de « manger au budget » et il y est arrivé ! En Suède, pays pourtant socialiste, les ministres déjeunent à la cafétéria et règlent leur écot.
Pour terminer ce paragraphe, constatons que le pouvoir a obligé les ministres à déclarer leur patrimoine. D'autres l'ont fait volontairement. L'on est stupéfait de la modestie de certaines déclarations. C'est frappant pour certains caciques exerçant depuis longtemps d'importantes fonctions. L'une des conclusions à tirer est qu'ils sont de piètres gestionnaires de leur propre fortune !
La création d'organismes
Quant une calamité se produit ou apparaît trop visible dans les médias, la fuite en avant impose de créer un nouvel organisme. Cela donne l'impression avec le tam-tam médiatique que le pouvoir en place prend les choses au sérieux. La frénésie moralisatrice en route respecte cette tradition. Le projet de loi fourre-tout annoncé prévoit la création d'une Haute Autorité de la Transparence ; elle sera dotée de pouvoirs d'investigation et de sanctions hors du commun.
Les Hautes Autorités sont nombreuses et nous ne savons pas si leur inventaire est possible. Ce sont des êtres administratifs hybrides ; elles furent souvent créées par des gouvernements voulant se débarrasser d'un problème. Leurs dirigeants sont des dictateurs au petit pied agissant dans une grande liberté. Une fois en piste elles ne rêvent que de s'agrandir. Leur utilité majeure est d'enrichir le camarade président et son entourage. Une grande ruine en résulte. La Cour des Comptes en a épinglé plus d'une.
Le programme de contrôle tracé à la toute nouvelle autorité est vaste et probablement impossible à remplir correctement. Elle a donc un bel avenir. Bizarrement, la lutte pour la présidence qui est forcément ouverte ne se voit pas actuellement. C'est sans doute le reflet de la difficulté : menteurs s'abstenir !
La corruption
En cédant régulièrement à l'épidémie moralisatrice, les gouvernements conduisent l'observateur attentif à poser le problème de la corruption. Un organisme américain classe les pays dans le domaine de la corruption. Il est triste de constater que la France est très mal placée. Cela vient pour sûr de l'interventionnisme étatique qui, pour exister depuis longtemps, s'aggrave avec le socialisme ; cet interventionnisme transforme les gens en quémandeurs perpétuels : subventions, marchés, faveurs fiscales, logements, etc. Les mains sont sans cesse tendues. La tentation est très forte pour les détenteurs du pouvoir. Les abus cachés éclatent un beau jour en scandales et il faut moraliser.
La solution au problème de la morale publique est de faire reculer l’État et non de gémir en public avec dans la besace de fausses solutions.