A 5 minutes de Phnom Penh, vous n’êtes plus à Phnom Penh.
Le Cambodge se découvre dans les campagnes. Il ne suffit pas d’aller loin pour trouver un village perdu et remarquer la gentillesse de personnes simples. Et vous rendre compte que vous êtes un barang (désignation commune d’un étranger, un français).
Sortez de Phnom Penh, prenez le ferry à l’île du diamant (Koh Pich). Vous traversez successivement le Tonlé Sap et le Mékong. C’est déjà un voyage en soi.
Dix petites minutes plus tard, retrouvez-vous totalement ailleurs. Première à gauche, après le « changeur de monnaie », une vitrine en plastique où s’amassent des billets de 1000 riels et quelques dollars, et la pharmacie, comptoir en bois bricolé avec une jolie croix bleue. Vous êtes à peu près à… Taskor, enfin presque.
Arrêtez-vous. Vous ne manquerez pas d’écouter ce que les habitants disent (même si vous n’y comprenez pas grand chose, soyons honnêtes !) ni les regards qu’ils vous portent : ils en disent long sur la curiosité que vous suscitez. Observez les enfants. Tout s’arrête à votre passage. Il y a peu de barangs qui passent par ici.
Allez, un peu d’audace : allez jusqu’à cette petite table basse en bord de chemin de terre, sur laquelle reposent de lourdes casseroles fumantes. Laissez-vous aller… Asseyez-vous sur cette chaise en plastique rouge décolorée et souriez à la dame. Vous y êtes. Vous êtes au Cambodge.
Brochettes de croupions et ailes de poulet, fumée et sourire
Que faire maintenant ? Dans un mélange de joie et de crainte, vous regardez les casseroles, et juste à côté le barbecue de brochettes dont la fumée couvre la route. Vous hésitez.
« Barreng ! Hhihihi »
Mais cela, vous ne l’avez pas entendu. Vous avez soif ? Il n’y a pas d’Angkor beer ici. Il faudra vous contenter d’un teukelak délicieux ou d’un café glacé avec du lait concentré. Vous avez faim ? Nous y voilà !
« Barreng ! Hhihihi »
Là, vous l’avez entendu. On se moque de vous ? Pas du tout. Eux et vous portent le même regard curieux, mais ici, vous êtes la star, ici et maintenant.
Alors ce liquide marron vert vous tente ? Oui, allez-y, c’est excellent : un curry de légumes, patate douce et poulet, servi dans un grand bol avec des nouilles de riz. Ou plutôt le liquide orange à côté ? Un ragoût de poisson épicé. Demandez donc à la dame ce qu’il y a dedans… Pour 2000 riels, franchement, cela se tente non ?
« Barreng ! Hhihihi »
Et la dame vous sert. Une brochette avec ? Voyons, ce qui cuit n’est pas identifiable… Si, ce sont des croupions de poulet, des ailes et du cou. C’est mariné, cuit au charbon de bois. Vous allez vous régaler.
« Barreng ! Hhihihi »
Le soleil commence à descendre, la lumière est superbe, regardez derrière vous : la pagode s’enflamme des bonzes qui sortent de leur classe. Vite, votre soupe attend. Dégustez, écoutez, sentez, regardez… Dans la poussière de la piste, le bruit du cheval et de sa cariolle dégingandée, les enfants s’approchent, les femmes du marché vous offrent un regard souriant et un brin moqueur de bienvenue.
« Barreng ! Hhihihi »
Oui, barang , tu es là, tu ne t’attendais pas à autant de simplicité de l’autre côté du Mékong. Passer la rivière te dépayse totalement, tu n’es pourtant qu’à quelques minutes du centre grouillant de Phnom Penh. Et longtemps tu te souviendras de « Barreng ! Hhihihi »
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