Samedi, l’affiche de la seconde soirée d’Anoumabo ne manquait pas de gueule. Elle avait aussi fière allure. Jugez-en vous-mêmes : Viviane Chidid, Dobet Gnahoré, La Fouine, Sam Fan Thomas, Dj Mix 1er et JB M’Piana. Dans l’ensemble, le show, qui s’est achevé au petit matin, a tenu toutes ses promesses. Les artistes ont été visiblement à la hauteur. Viviane Chidid a bercé la foule avec son timbre plaisant, offrant de bons airs de M’balax, le rythme national du Sénégal, Dobet Gnahoré est restée fidèle à elle-même, avec une grosse débauche d’énergie et une étonnante agilité sur scène. Sam Fan Thomas a rappelé le bon vieux souvenir de ses tubes des années 80, dont le très culte «African Typic Collection», qui l’a révélé au monde entier en 1984, sans oublier le très dansant «Mandela». De son côté, Dj Mix 1er a mis l’ambiance, avec le coupé décalé quand le Souverain 1er, JB M’Piana, a alterné, sans surprise, balade rumba et chorégraphie endiablée du N’dombolo. Comme d’ailleurs les artistes congolais (il vient de la RDC) savent si bien le faire. On a gardé le meilleur pour la fin, La Fouine.
Star du hip hop en France, le rappeur d’origine marocaine a tout simplement mis Anoumabo à ses pieds. A l’image d’Oumou Sangaré la veille, La Fouine a éclaboussé le Femua de son talent et de sa classe. Paroles fortes, belle présence scénique, timbre captivant, communion totale avec le public qui reprenait en choeur ses chansons, le rappeur longiligne à la barbichette a été fabuleux. De loin, celui qui a fait la plus forte impression à Anoumabo. Les spectateurs l’attendaient avec impatience, exultant à chaque fois que le présentateur Serge Fatoh annonçait son nom. Et La Fouine n’a pas déçu, faisant même pleurer certains d’entre eux, avec sa chanson émouvante qui raconte le drame de Karl, un adolescent atteint d’une maladie incurable avec lequel il s’était lié d’amitié sur son lit d’hôpital, et qui finira, hélas, par rendre l’âme. De toute évidence, la fête a été belle à Anoumabo. Toutefois, on pourra regretter des jets de projectiles d’indélicats individus, blessant même un agent des forces de l’ordre, et une bousculade dans la foule. Toute chose qui a poussé le commissaire général du Femua, Salif Traoré dit A’salfo à monter au créneau pour appeler le public au calme. De tels actes, ce festival n’en a pas vraiment besoin. Surtout après cinq éditions…
Y. Sangaré