Qu'a--ton entendu sur les effets de la publication du patrimoine des ministres (et de, demain, celui des élus)? Voyeurisme, populisme, jalousie des Français qui ne comprendraient pas… Toutes balivernes que reprennent ce matin Libération et d'autres titres dans l'indifférence à peu près générale des citoyens. Qu'a-t-on appris? que les ministres sont plus riches que la moyenne des Français? On le devinait. Ce sont, en général, des gens de qualité, ambitieux, intelligents qui auraient, quelque métier qu'ils aient choisi, réussi à constituer un patrimoine supérieur à la moyenne. Que l'on ne faisait pas fortune en faisant de la politique? On le savait aussi. Sauf à être corrompus, députés et ministres ont des revenus comparables à ceux des cadres supérieurs ou des professions libérales, milieu auquel ils appartiennent du fait de leurs responsabilités et ceci quelles que soient leurs opinions.
On s'est rarement demandé si le même exercice dans un gouvernement de droite aurait donné d'autres résultats. Le plus probable est qu'il n'y aurait guère eu, à quelques exceptions près (héritiers) de grandes différences.
Pour le reste, on a appris que nos ministres ne sont guère passionnés par les voitures, qu'ils préférent l'immobilier aux actions (comme tous les Français qui investissent dans leur logement avant de constituer un portefeuille), qu'ils gèrent leurs comptes personnels avec plus ou moins de sérieux… Tout cela est terriblement banal. Mais les médias (et les politiques) en ont fait une affaire grave, allant jusqu'à évoquer la crise de régime. Oubliant que les Français sont plus raisonnables et plus lucides. Le pays n'est ni à feu ni à sang. Quelques excités manifestent contre le mariage pour tous et parlent de guerre civile? Ils menacent tout au plus de ridicule ceux qui les prennent au sérieux. D'autres, à l'autre bout du spectre politique, protestent contre l'austérité. Mais de quoi parlent-ils? Où sont les coupes dans les retraites? dans les dépenses de santé ou d'éducation? dans les aides sociales? En Espagne, en Grèce, en Italie, pas en France.
Affolés par l'effondrement de leurs ventes, journaux et magazines qui ne savent plus enquêter autrement qu'en commandant des sondages inventent crises sociales et politiques, là où il n'y a que cahots et soubresauts normaux en période de crise. C'est à qui annoncera le pire catastrophe. Inconsistants, ils tapent à bras raccourcis sur François Hollande, un jour il est trop mou, le lendemain trop dur, avant de s'en prendre à une opposition à terre. Sont-ils de droite? de gauche? Ont-ils des opinions? Sans doute, mais à la manière des girouettes. Il ne se passe pas de semaine qu'ils ne demandent une autre politique, les mêmes qui veulent que l'on coupe dans les dépenses demandent que l'on relance l'activité. C'est à n'y rien comprendre. Une seule chose est sûre : ce n'est pas comme cela qu'ils retrouveront des lecteurs.