Transformer une bactérie mangeuse de chair, en superglue capable de coller plusieurs protéines indéfectiblement, pour en faire un supertest de détection ou de diagnostic, c’est le pari réussi de ces chercheurs de l’Université d’Oxford. Leur découverte, présentée à la 245e Réunion nationale de l’American Chemical Society, ouvre la voie à de nouveaux tests de détection tumorale.
Le Pr Mark Howarth, l’Université d’Oxford, auteur principal décrit sa recherche. « Nous avons transformé une protéine en une colle moléculaire si adhérente que le dispositif utilisé pour mesurer son adhérence n’a pas résisté. Cette colle peut résister à des températures élevées ou basses, à des acides et autres environnements agressifs. En bref, le matériau permet de verrouiller ensemble des protéines, ce qui permettrait de développer de meilleurs tests de diagnostic ». La première application envisagée serait pour la détection précoce des cellules cancéreuses circulant dans le sang, mais d’autres applications sont possibles comme l’étude, par exemple, des effets biochimiques cellulaires sur la santé et la maladie.
Quand SpyTag et SpyCatcher, leur liaison forment une « superglue » : Les chercheurs sont paris d’une protéine, FBAB, qui aide la bactérie Streptococcus pyogenes (S. pyogenes-visuel ci-contre) à infecter les cellules. S. pyogenes peut entraîner une infection rare de la peau, la fasciite nécrosante, appelée aussi maladie dévoreuse de chair. Es chercheurs ont séparé la bactérie en 2 parties, une protéine plus grande et une sous-unité de protéine plus petite, appelé peptide. Ce petit peptide a été appelé « SpyTag » et la protéine « SpyCatcher ». Le collage intervient lors de la rencontre de » SpyTag » et de » SpyCatcher « . Les 2 éléments se verrouillent ensemble, formant une liaison chimique redoutable qualifiée de « superglue ».
Une application pour détecter les cellules tumorales circulantes : Alors que les tumeurs « larguent » des cellules tumorales dans le sang, qui vont se propager et former des métastases dans d’autres parties du corps, pouvoir détecter ces cellules tumorales va permettre non seulement le diagnostic précoce du cancer, et à partir de prélèvements sanguins (et non de biopsies) mais aussi de suivre la réponse aux traitements. La technologie Spy va permettre de souder plusieurs protéines bio-marqueurs et donc de nouveaux tests de diagnostic.
Source: ACS via Eurekalert (AAAS)A molecular ‘superglue’ based on flesh-eating bacteria (Visuel CDC)