Nous avions attendu depuis si longtemps ce soleil, sa luminosité, sa chaleur.
Enfin un temps de printemps, de douceur dès le matin, dès notre réveil, la fenêtre légèrement ouverte, le jardin, les petits bruits et surtout les rayons de lumière qui dardent sur nos pieds, nous suivant dans notre course du matin, entre dressing et salle de bains, entre le salon pour retrouver et changer le contenu des sacs à main, pour un dernier coup de brosse dans les cheveux.
Juste pour s'apercevoir dans le miroir posé sur la commode, là, cet objet qui nous renvoyait une image grise de nous encore avec cet hiver un peu long. Mais aujourd'hui, il s'illumine, nous avec :
Nous trentenaires et indécises, face à la bêtise de notre patron, qui nous rappellent notre "simple" statut de femmes, alors que nous sommes plus qualifiées, plus volontaires, plus impliquées que lui. Nous toujours qui ne savons pas quel homme choisir dans le panel de nos connaissances, réelles ou virtuelles, car il ne remplit pas le cahier des charges de notre vision unique du couple, nous qui ferions un enfant avec le premier venu quand les hormones nous démangent trop, quand les mariages des autres nous chagrinent le soir seules sur nos canapés.
Nous quadra pimpantes, rayonnantes mais devenues mamans solos, entre école et boulot, entre les petits chagrins et les soirées fatiguées. Nous toujours, lêchant les vitrines avant et après les soldes, pour trouver les escarpins tous fins, tous hauts pour nos jambes qui vont maintenant bronzer. Nous qui cherchons l'âme soeur, un ami, parfois un sexfriend pour dîner aussi, pour simplement nous rappeler que l'on est une femme, une femme sereine.
Nous quinqua, actives et passionnées par nos vies, toujours élégantes dans un monde où la jupe devient une revendication féministe, où nos adolescentes se battent pour être autre chose que des "bitch" dans la cour du lycée. Nous toujours, heureuses entre expositions et sorties entre copines, loin de nos mâles qui travaillent trop, ou dînent avec une "amie". Nous aussi qui craquont et draguont les hommes, pour des sorties moins officielles, où notre petite robe noire, nos talons hauts, notre blouson de cuir feront leur effet chic et rebelle.
Nous déjà senior, mais tellement joyeuses d'avoir ce temps de libre pour nous, pour rencontrer des personnes, pour aider d'autres, pour partager des passions, pratiquer des sports et d'autres activités culturelles. Nous toujours si régulièrement suivies du regard quand notre coiffure impeccable, notre maquillage soigné attirent les yeux des hommes, des autres femmes. Nous qui supportons malgré nous, cet homme devenu mou, sans envie, avec sa prostate clignotante mais surtout des faiblesses de compliments, alors nous regardons notre image dans ce miroir.
Ah ce printemps-là, il est chaud en notre coeur, accompagnant les palpitations de notre sérénité de femmes, de nos féminités.
Nylonement