Grand plat sur le front des primaires US. Avouons que nous étions devenus exigeants, trop habitués au train d’enfer imposé depuis début janvier. Dans ce grand mou gluant et avec des médias absolument surexcités, la moindre phrase prend des proportions considérables. C’est ce qui s’appelle la « tempête dans un verre d’eau » et c’est un de ces événements politico-climatiques qui agite tous les JT depuis vendredi dernier.
Front chaud : lors d’un dîner de fund raising (lever de fonds) à San Francisco, sans caméras ni micros alentour, Mr. O a eu un échange assez libre avec les personnes venues le soutenir. Erreur. C’était sans compter sur la présence des téléphones portables et des instincts journalistiques qui sommeillent désormais en chacun de nous… Entre téléphones portables, l’interconnectabilité, les nouvelles agences de presse youtube et dailymotion : il n’existe plus de conversation « informelle »…Inconscient, disais-je donc, du péril thermo médiatique, notre Mister Smile s’est autorisé le commentaire suivant : « Dans les petits villages de Pennsylvanie ou les petites villes du Middle West, les emplois ont disparu depuis 25 ans sans être remplacés. Il n’est pas surprenant que les habitants soient aujourd’hui pleins d’amertume et s’accrochent aux armes à feu ou à la religion, à l’antipathie pour les différences ou soient hostiles aux immigrés pour traduire leur frustration ». Cette phrase, qui semble plutôt « réaliste » pour nous autres salauds de français critiqueurs, a fait l’effet d’une bombinette dans une campagne aux allures de guerre des tranchées du politically correct. Le mot bitter (« amer » en anglais) croisé avec le nom « Obama » recueille désormais 1 440 000 occurrences dans Google…
Front froid : Madame H a sauté sur l’occasion et notre bon Smile est maintenant poussé en case « snob » versus « condescendance ». Elle a mis son plus beau tailleur pour expliquer que décidément Monsieur O avait « un problème avec la religion ». Elle assure qu’en arpentant sa chère Pennsylvanie elle n’a, pour sa part, rencontré que des gens pleins d’espoir et de courage … Elle joue sur le point de fragilité d’Obama : sa réputation d’intellectuel aux soupçons « d’élitisme ». Facile. Avec un certain aplomb, Mr. O. ne s’est pas laissé impressionner. Sans contrition (le Mea culpa est très pratiqué en politique US), Barack a rappelé qu’il était justement le plus à même de comprendre ces malaises et qu’il était là pour apporter le changement ! Il renvoie finement Hillary à SES élites… Nouvelle occasion pour lui de montrer sa solidité alors que tension médiatique et la causticité des échanges connaissent un pic. Sur ces entrefaites, la nuit dernière à Philadelphie se tient le premier débat depuis le Texas. Hillary et Barack seront face à face. Le combat risque d’être orageux. Rappelons que Philadelphie est la ville de Rocky Balboa ( ! ) et que -ironie du sort- son interprète, Sylvester Stallone, n’a pas hésité à apporter son soutien officiel à John McCain…
Sous cette météo agitée, l’auto-flagellation semble paradoxalement rétrograder chez les
démocrates. Après s’être battu la coulpe sur leur système de primaires trop longs, dangereux, « confusionnels », le parti a revu sa stratégie. L’âpreté de la campagne leur apparaît désormais « stimulante » : elle permet de monopoliser la scène médiatique aux dépens des éléphants. Réalité ou méthode Coué ?French Fry