Au sortir de ses trois jours de Songkran, on a eu envie de vous raconter de l’intérieur ce que c’est de jouer à Songkran (traduction littérale de l’expression thaïe len Songkran) à Bangkok. Une journée type en quelque sorte.
Avant de se lancer, on choisit scrupuleusement son équipement. On s’habille en conséquence. Pas besoin de camouflage, le champ de bataille est en zone urbaine, mais des vêtements non froussards, des qui ne craignent pas l’eau, des chaussures qui ne glissent pas sur sol détrempé et des sacs ou pochettes plastiques pour les coupons rations, euh pardon l’argent et les équipements électroniques : téléphone, GPS, radar, radio, lunettes géothermiques… Bon, d’accord, je me suis peut-être un peu emballé. Ensuite, on part à la recherche d’un fournisseur pour son fusil d’assaut aux couleurs guerrières. Jaune, vert, rouge, bleu ou rose apocalypse. En ces jours ou les tireurs embusqués peuvent être partout à vous arroser de munitions, l’armement est vendu au grand jour à tous les coins de rue. Ce qui fera votre force, c’est la taille du réservoir (ben, oui, désolé, il y a des cas de figure ou c’est la taille qui compte). Certains modèles proposent une réserve d’eau avec bretelles à placer dans le dos et décorée de motifs effrayants pour intimider les adversaires les plus coriaces : tête de Doreamon, Hello Kitty, Mickey ou Angry Birds. Ca fait froid dans le dos !
Ensuite, il faut se rendre au front en évitant le feu mouillé des patrouilleurs en tuk-tuks et autres arroseurs qui essaieront de vous distraire ou vous attirer avec leurs danses endiablées et leur musique à fond. Et une fois, sur la zone de conflit, que ce soit à Khao San, à Silom, au Soi Nana, au Central World en soirée… vous ne pouvez plus reculer ! Vous ne luttez pas à armes égales et très vite votre défense prend l’eau. Méfiez-vous des snippers perchés sur toutes sortes de pupitres ou balcons. Certains assaillants a priori désarmés, essaient de vous aveugler en vous barbouillant le visage d’argile. Heureusement, vous trouvez parfois des points de ravitaillement avec des brochettes pour reprendre quelques points de vie ou des bidons pour recharger votre arme. Certains mercenaires en demandent 5 bahts, d’autres moins mercantiles vous laissent puiser dans leur tonneau.
Et quand vous quittez le champ de bataille, trempés de sueur et d’eau, enfin d’eau seulement, en fait, pour obtenir de la monnaie pour le distributeur de billets, vous tendez un billet au guichet du BTS que la guichetière essuie soigneusement d’une serviette éponge. Dans la rame climatisée, vous grelottez et observez les autres combattants avec leurs têtes de fantômes toutes argilées. Enfin, vous vous affalez sur le lit avec l’envie de crier : « C’était pas ma guerre ! ».
Et dans un an, c’est reparti ! Quoique dans certains endroit comme Pattaya ou Bang Saen, ça continue..