Sans remonter aux années 30 et 40, il suffit d’observer les comportements d’Aube Dorée pour se rendre compte de l’ineptie et de l’irresponsabilité de tels propos de la part d’une responsable politique. D’autant que ces manifestations s’inspirent des « escraches » argentins, menés par des collectifs d’enfants de disparus au début des années 2000.
« Alors que le gouvernement conservateur espagnol a annoncé des mesures contre les « escraches », ces rassemblements qui dénoncent les députés opposés au vote de la loi contre les expulsions immobilières, la numéro deux du Parti populaire, María Dolores de Cospedal, est allée plus loin, qualifiant ces dénonciations de « nazisme pur et simple ».
Invitée d’une table ronde consacrée à la perte de confiance des citoyens espagnols dans la classe politique, María Dolores de Cospedal a pointé les « escraches » organisés par des victimes d’expulsions devant les domiciles des parlementaires, reflet, selon elle, de « l’esprit totalitaire et sectaire » propre aux années 1930. « Bien que les intentions [des victimes de la loi sur l'hypothèque]soient louables, leur action perd tout son sens dès lors qu’ils utilisent la violence pour atteindre leur but« , a t-elle accusé.
Pour la secrétaire général du PP, les « escraches » ressemblent aux dénonciations à l’œuvre au moment de la guerre civile, lorsqu’étaient désignéés les maisons des républicains et des nationalistes.
RAJOY VISÉ PAR UN « ESCRACHE »
Depuis mars, la Plateforme des victimes de la loi sur l’hypothèque (la PAH) a organisé contre des députés du PP une quinzaine d’ »escraches », terme emprunté aux militants des droits de l’homme argentins qui, dans les années 1990, identifiaient les anciens tortionnaires de la dictature et manifestaient devant leur domicile ou leur lieu de travail. Plusieurs dirigeants du PP au pouvoir, dont le chef du gouvernement Mariano Rajoy et la porte-parole Soraya Sáenz de Santamaría, ont déjà été visés.
Jeudi, le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez, a affirmé avoir donné des instructions aux préfectures pour qu’une « distance de sécurité » soit établie entre les manifestants et les domiciles des personnalités visées, alimentant la vive polémique sur les « escraches » dans un pays étouffé par la crise, le chômage et où les expulsions de petits propriétaires ruinés se multiplient.
« JE LUI ARRACHE LA TÊTE »
L’opposition de gauche a, quant à elle, applaudi l’initiative des militants anti-expulsions et dénoncé la volonté du gouvernement de sévir pour se protéger. « Une décision de cette nature de caractère général est illégale », a proclamé la porte-parole du Parti socialiste, Soraya Rodriguez, affirmant que le droit de manifester était « un droit constitutionnel qui ne peut être limité que par un texte législatif ou une décision judiciaire ».
Signe de la sensibilité du sujet, un ancien député régional PP des Canaries, Sigfrid Soria, risque l’expulsion de l’une des instances nationales dont il est membre pour avoir affirmé sur son compte Twitter qu’il était prêt à « arracher la tête » de ceux qui se risqueraient à venir devant chez lui. »
Source: Le Monde
ALLER PLUS LOIN
Malgré la politique d’austérité censée faire redécoler l’Espagne, celle-ci se « Grecquéise »: selon l’agence Reuters, 2.564 entreprises ont déposé une procédure d’insolvabilité dans les trois premiers mois de l’année,en hausse de 10% par rapport au trimestre précédent et 45 % sur la même période en 2012. 28 000 entreprises ont déposé le bilan depuis 2008.