Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, après un bref essai de Yaourt à la Réunion, se rend à Tromelin ce mardi 16 avril. Une île, ou plutôt un îlot, battu par les vents, perdu au cœur de l'océan Indien, situé à 450 kilomètres à l’est de Madagascar et à 535 kilomètres au nord de l’île de La Réunion. L’île est longue d’environ 1 700 mètres, large au maximum de 700 mètres est ceinturée par une barrière de récifs coralliens particulièrement dangereux à la navigation et rendant son accès très difficile.
"Découverte qu’en 1722 par le navire français de la compagnie des Indes, la Dryade, commandé par Jean Marie Briand de la Feuillée et elle est baptisée " Île des Sables" , et prendra le nom de Tromelin, qui est celui du chevalier qui mit fin au triste épisode des "esclaves oubliés", malgaches abandonnés dans l’île suite à un naufrage et y demeurant quinze années durant. Victorin Lurel déposera lors de son séjour une plaque en la mémoire de ce triste épisode de l’histoire de l’esclavage, dont Iréne Frain s’inspira pour écrire "Les Naufragés de l’île Tromelin" (Editions Michel Lafon), histoire racontée dans une version plus scientifique, à partir du résultat de missions archélogiques par Max Guérout et Thomas Romon "Tromelin - L’île aux esclaves oubliés," (Editions du CNRS)", nous narre Michel Abhervé, professeur associé à l'université de Paris Est Marne-la-Vallée. "Sur le plan géopolitique, Tromelin a un intérêt pour la météo, et surtout les richesses halieutiques. Elle appartient aux iles Eparses, comme Bassas da India, Europa, les Glorieuses et Juan de Nova, elle mêmes intégrées dans le territoire des Terres australes et antarctiques françaises, dont le siège administratif est installé à Saint Pierre à la Réunion.
L’île est revendiquée par Maurice, en raison d’une interprétation d’un certain flou dans le texte du traité de Paris de 1814, fixant les frontières de la France après la défaite de Napoléon. La raison a fait émerger l’idée d’une “cogestion économique, scientifique et environnementale“, négociée par la gouvernemùent de François Fillon et son homologue mauricien et le Sénat a approuvé en décembre 2012 le texte permettant cette collaboration en approuvant le projet de loi déposé par Alain Juppé en janvier 2012. Le texte devait être adopté par l’Assemblée nationale selon la procédure d’examen simplifiée, à laquelle s’est opposée avec vigueur, Philippe Folliot, député UDI du Tarn, assimilant cette cogestion à un “abandon de souveraineté”, ce qui a été relayé par Marine Le Pen dans un communiqué, inspiré de la nostalgie de l’empire colonial, ”Tromelin : François Hollande brade même le territoire national", poursuit l'enseignant.
Qui a cette conclusion empreinte d'une certaine ironie : "Même les terres inhabitées ont un fort impact géopolitique ! Comme pour Clipperton (voir Un élu représente-t-il des habitants ou un territoire ? Député de Clipperton !), on pourrait demander aux fous masqués à palmes noires et aux fous à pieds rouges qui vivent en colonies dans l’île de désigner un député ! A moins que ce ne soit les tortues marines, vertes, blanches ou à écailles, pour qui l’île est un lieu de ponte, qui soient sollicitées".
Bah, tant que Tromelin ne devient pas un paradis fiscal...
François GILLET
(Photo Réunion Première)