En supprimant d’abord toutes les cellules vivantes d’un rein, on obtient une structure prête à être repeuplée avec de nouvelles cellules qui peut aboutir à un nouveau rein artificiel, implantable. C’est la démarche d’une équipe du Massachusetts General Hospital qui vient de reconstituer ainsi sur le rat, un rein presque fonctionnel qui produit même de l’urine mais nécessite encore quelques perfectionnements. Cette recherche, présentée dans Nature Medicine est très prometteuse car la technique préserve l’architecture de l’organe natif et reste basé sur les propres cellules du receveur.
Le Pr Harald Ott, auteur principal de l’étude confirme que si la technique pouvait être adaptée aux greffes humaines, cela permettrait de raccourcir les listes de patients souffrant d’insuffisance rénale, en attente de donneur ou qui ne peuvent être candidats à la greffe. « Ces patients pourraient théoriquement recevoir un nouveau rein reconstitué avec leurs propres cellules ».
En France, l’insuffisance rénale chronique terminale constitue un problème de santé publique majeur et la transplantation rénale, une priorité nationale pour l’Agence de la Biomédecine, car chaque année près de 9.000 patients restent en liste d’attente de don de rein. Aux Etats-Unis, écrivent les auteurs ce sont 100.000 Américains atteints de maladie rénale en attente d’un don d’organe. Reste ensuite, une fois la transplantation effectuée, le risque éventuel de rejet.
Les bio-reins « fonctionnent » : L’approche utilisée ici pour concevoir des organes est basée sur une technologie développée par le Pr Ott, qui consiste à dépouiller l’organe de ses cellules vivantes, avec une solution détergente, puis à repeupler la structure de collagène qui reste avec le type de cellules approprié et ici des cellules endothéliales humaines qui vont reproduire le revêtement du système vasculaire et des cellules rénales de (rats) nouveau-nés. Les chercheurs ont d’abord testé ces reins de rats repeuplés en laboratoire, en filtrant le sang et en évacuant l’urine, mais l’expérience montre une efficacité limitée du filtrage avant la production d’urine. En revanche, transplantés chez le rat, ces bio-reins transgéniques produisent correctement de l’urine dès que l’approvisionnement en sang est restauré, sans aucun saignement ou formation de caillots. La fonction globale des organes régénérés s’avère néanmoins significativement réduite par rapport à la normale mais les reins fonctionnent. Les chercheurs attribuent ces imperfections à l’immaturité des cellules néonatales utilisées pour repeupler le bio-rein.
Mais c’est déjà une preuve du concept et les chercheurs espèrent que ces bio-reins pourront un jour remplacer complètement la fonction rénale comme des reins de donneurs. Dans l’idéal, ils imaginent des greffes à la demande, à partir des propres cellules du patient, permettant de répondre à la pénurie d’organes et à la nécessité de l’immunosuppression permettant d’éviter le rejet.
Source: Nature Medicine doi:10.1038/nm.3154 online 14 April 2013 Regeneration and experimental orthotopic transplantation of a bioengineered kidney (Visuel@ Massachusetts General Hospital Center for Regenerative Medicine)
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