C'est une nouvelle petite bombe, une mauvaise affaire pour celui qui voulait s'échapper du bilan sarkozyen, le bien nommé François Fillon.
D'après le Parisien, l'ancien premier ministre est visé par une enquête menée par la brigade de répression de la délinquance économique, depuis le 11 octobre dernier, pour favoritisme et détournement de fonds publics dans l'affaire des sondages de l'Elysée. Le parquet de Paris, à l'origine de cette instruction, le soupçonne, comme d'autres anciens ministres de Sarkofrance, "d’avoir recouru abusivement à des instituts de sondages et de conseils
en communication lors du précédent quinquennat, sans respecter les
règles des marchés publics, et aux frais des contribuables".
En 2009, nous nous étions tristement régalés des révélations du premier rapport de la Cour des Comptes sur les dépenses élyséennes. Comme d'autres observateurs médusés, nous avions alors appris que Nicolas Sarkozy avait confié une mission de supervision et commande d'enquêtes d'opinion à deux fidèles, Patrick Buisson (1,1 million d'euros la première année) et Pierre Giaccometti (725 000 euros), sans procéder à un quelconque appel d'offre pourtant obligatoires. Que plusieurs centaines de sondages politiques avaient été ensuite commandés (plus de 3 millions d'euros la première année, un sondage tous les trois jours en 2008, soit 134 sondages au total, dont 110 auprès Opinion Way). Qu'ils avaient été publiés par des médias (Le Figaro, LCI) sans que ces derniers n'évoquent le financement élyséen - contrairement à la règlementation. Que nombre de ces sondages avaient peu à voir avec l'activité présidentielle («le climat politique en Ile-de-France», «le premier tour des élections municipales», etc). A l'époque, Michèle Alliot-Marie est cette Garde des Sceaux qui refuse toute enquête au nom de la séparation des pouvoirs.
L'OpinionGate ne faisait que commencer.
Secouée par le scandale médiatique, l'administration présidentielle supprima ces onéreuses dépenses pour mieux les transférer sur le budget du premier ministre. Un joli tour de passe-passe qui affecte aujourd'hui François Fillon. Sur la durée du quinquennat, Nicolas Sarkozy aura dépensé plus de 9 millions d'euros de sondages politiques.