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Philippines, Archipel des échanges au musée du Quai Branly

Publié le 15 avril 2013 par Mpbernet

15 avril 2013

divinités du riz

Manille, Mindanao, Palawan …. Des noms évocateurs de lointains détroits. Depuis que nous nous intéressons à Singapour pour des raisons familiales, nous sommes aussi attirés par les Philippines, patrie de Joséphine, la nounou de Romane et Dorian.

L’archipel des Philippines compte plus de 7 000 îles et s’étend sur 1700 kilomètres. Sa situation géographique – entre Taïwan et l’Indonésie – le prédispose depuis la nuit des temps à l’ouverture sur le monde qui l’entoure. Le musée du quai Branly nous offre la première exposition d’objets préhispaniques (avant Magellan !) de cette aire privilégiée d’échanges qui s'opèrent d'abord entre îles voisines puis, à partir du Xe siècle, quand les voyages en haute mer remplacent le cabotage, toujours plus loin. Les Philippines se retrouvent au carrefour d'une zone commerciale où se croisent marchands malais, chinois et indiens, parfois musulmans, qui vont influencer l'art et la culture de ces territoires émiettés de l'océan Pacifique.

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La première partie de l'exposition est dédiée aux arts et rituels du monde austronésien des Hautes Terres du nord de Luzon et de Mindanao. Les objets de la vie quotidienne ou dédiés aux rituels sont nés de ces sociétés qui valorisent le prestige, l’accumulation des richesses et les hauts faits guerriers. Des créations d’une grande beauté qui assurent continuité et équilibre entre les différents mondes (supérieur, intermédiaire, inférieur). Ainsi l’exposition commence-t-elle par une série de statues de divinités du riz porteuses souvent de coupes (Bulul) …

Dans les hautes terres de Mindanao, on assiste à la métamorphose du guerrier en héros : le costume des guerriers est à la fois parure richement brodée et armure. La classe noble traversée par des rivalités se doit d’organiser des fêtes pour conforter son statut. Etalement d’abondance et partage …

Les chasseurs-cueilleurs des montagnes de Palawan maintiennent un équilibre et une relation de respect avec les richesses que leur offre la forêt. Ainsi, après toute prise de chasse, une offrande est faite aux Maîtres des Sangliers, des Poissons, des Fleurs, des Arbres, du Riz, à la Dame de la Mousson… Ce sacrifice écarte la malchance, éloigne l’angoisse et la mort.

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Par opposition aux montagnes, les côtes et les archipels du sud ont vu s’épanouir les sultanats et les expressions artistiques chères au monde musulman. De par sa position géographique stratégique entre Mindanao et Bornéo et son dynamisme, l’archipel des Sulu profita d’un commerce actif et devint avant le 17e siècle le centre le plus riche et le plus important des Philippines.
Avec l’Âge d’or des cités portuaires, l’exposition progresse dans l’histoire des Philippines avant l’arrivée des européens. Diverses phases  de commerce se sont succédées avec la dynastie chinoise des Song dès le 10e siècle, les thalassocraties du monde malais, Srivijaya à Sumatra (7-14e siècle), Mojopahit à Java (13-15e siècle) qui accompagnèrent l’Âge d’or des cités-comptoirs de l’archipel.
Le port de nombreux bijoux, au-delà de l’embellissement du corps, atteste de l’extraordinaire expertise technique atteinte dans le travail de l’or de cette région.

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Enfin, l’archéologie invite à rencontrer les ancêtres et leurs cultes funéraires. Les objets mis au jour dans les fouilles témoignent d’une grande virtuosité technique dès le Néolithique avec la présence de poteries aux formes élégantes et de bijoux.
Les objets présentés dans cette dernière partie sont les jarres de premières et de secondes funérailles : quand le corps est décomposé et qu’il ne reste plus que les ossements, on organise de secondes funérailles en récupérant certains os comme le crâne, les os longs, quelques phalanges et parfois des dents. Selon les croyances, l’esprit du mort continue d’appartenir au monde des vivants. On dépose aussi auprès de ces restes des offrandes, des parures, des masques d’or afin que ces richesses lui permettent d’être bien reçu par ses ancêtres et de maintenir son style de vie.

Finalement, à travers les différentes régions du monde, des rituels très semblables : nous sommes tous frères !

Et, dans ce musée si proche et si accessible, il se passe tout le temps quelque chose de nouveau : un régal pour les yeux et l'esprit.

Au musée du Quai Branly, Falerie jardin, jusqu’au 14 juillet, 37 Quai branly, Paris 7ème, 7€.


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