Cette semaine The Economist parle de Margaret Thatcher, « combattante de la liberté ». Mais le
Thatcherisme n’a plus rien à voir avec Mme Thatcher. Elle croyait simplement en
« la supériorité de l’entreprise
privée sur la propriété publique », ses partisans modernes ont
transformé ses idées en un mélange d’ « euroscepticisme, de xénophobie, d’amour aveugle des USA, et de méfiance
instinctive vis-à-vis de la réglementation, quelle qu’elle soit ». Le
plus curieux, je crois, c’est que l’on accorde autant d’importance à Mme
Thatcher. Car, ce n’est pas elle qui a fait le printemps libéral. Elle est le
fruit d’un changement social. La société occidentale a décidé, en 68 ?, de
rejeter le modèle qu’elle avait adopté après guerre. Elle s’est donné les
hommes politiques qui allaient avec son nouveau programme.
Curieusement aussi, personne ne semble voir que l'héritage de Mme Thatcher est devant nos yeux. C'est le chaos. Ce qui me frappe en particulier est à quel point le monde
est paumé. Le tout marché a balayé toute autre pensée. On ne sait plus par
quel bout prendre la crise. En Europe, Mme Merkel est maintenant « en marche arrière ». Elle ne veut
plus des mesures de renforcement de l’Europe que jusque-là elle poussait. La Slovénie
pourrait suivre Chypre dans la faillite. « Durant des années les banquiers ont prêté de grosses sommes à
leurs amis, beaucoup ses sont servis de cet argent pour les entreprises qu’ils
dirigeaient, utilisant leurs actifs comme garantie. » Les entreprises
sont en faillite, les banques aussi. (Et s'il était temps de se demander pourquoi des pays aussi fragiles sont entrés dans l'UE ?) Et le Portugal, meilleur élève de la
rigueur, s’enfonce. Son peuple s’impatiente. Si Mme Merkel ne lâche pas de mou,
le pire est à craindre. « Si la
croissance ne repart pas, il pourrait arriver qu’un pays décide, comme à l’époque
de l’étalon or dans les années 30, que la souffrance des ajustements est pire
que le risque de sortir. » Comme souvent lorsque l’on est perdu, on en
arrive à des gestes désespérés, ou à réutiliser ce qui a échoué. Au Japon un
gouvernement de machos veut relancer l’inflation. Remède de cheval : usage
massif de la planche à billets. Personne ne sait ce que ça peut donner. Et si l’inflation
faisait exploser le prix de la dette d’un pays surendetté ? Dans la série
apprentis sorciers, le Bitcoin. Les informaticiens expérimentent des formes de
monnaies électroniques. C’est mondial, et il
n’y a aucune réglementation. Quant à l’Angleterre, elle est incapable de
maîtriser ses achats d’armement. Comme aux meilleures heures du Thatchérisme, elle
a décidé de les confier au secteur privé. Probablement à une entreprise
américaine. The Economist doute qu’il soit plus facile de contrôler une
entreprise privée que le secteur public. Et que la mesure soit dans l’intérêt
du pays. Je suis d’accord.
Ailleurs dans le monde, M.Obama essaie de détacher les
quelques Républicains dont il a besoin pour voter ses lois. Et ceux-ci
commencent à découvrir qu’ils ont intérêt à transiger. S’ils demeurent les représentants
des blancs, les lois de la démographie vont les rayer de la carte. La CIA
reverrait sa mission. Après le 11 septembre, elle a eu à nouveau le droit de
tuer. Elle a d’abord eu recours au privé, pour torturer sans procès. Mais M.Obama
a mis un terme à ses pratiques. Ce qui l’a forcée à passer à l’élimination
sommaire par drone. Du coup, elle n’a plus le temps d’espionner. Ce qui a
conduit les USA a être surpris par les derniers développements géopolitiques. Elle
devrait donc laisser les meurtres à l’armée et en revenir à son métier d’origine.
Au Venezuela, M.Chavez serait remplacé par un naze et une clique inquiétante.
Psychologie de crise, pour finir. Une étude montre que :
« un stress quotidien, apparemment
trivial, à long terme fait des ravages dans la santé mentale ». Autre héritage du Thatchérisme ?