14 avril Beau temps sur l'Ardèche Nu. Innocent. Seul. Les galets ont la peau lisse. Je marche sur les gués, cours dessus, vole dessus. Je maîtrise jusqu'à la plus infime cellule de mon corps. Puis je ralentis, m'enivre d'air pur. Un rocher léché depuis des millénaires par le courant m'accueille aux creux de ses girondes hanches. Ses contours en ont la douceur. Je l'effleure. Je sens monter en moi le désir. Je balance doucement les reins et frotte mon sexe sur cette femme fossile. J'éjacule en un frisson et je me jette dans l'eau fraîche qui envahit jusqu'à la plus intime parcelle de mon corps. Je m'offre aux mille langues d'eau. Je fais l'amour une deuxième fois, mais là, c'est moi que l'on pénètre. Et lorsque le soleil rougit, je m'affale, amolli comme une méduse, sous le vent du printemps, doucement parfumé de chèvrefeuille et de fleurs de pêcher, baigné de lumière et de feu.
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