Vous avez récemment quitté le « gouvernement » de la CGT. Il est peu probable que votre successeur évoque un droit d’inventaire car il met manifestement ses pas dans vos traces. Mais nous pouvons cependant l’y aider. Tout d’abord, vous avez quitté, avec fracas, la neutralité politique qui doit être celle d’un syndicat en appelant à voter contre un candidat lors de la dernière élection du Président de la République. Chassez le naturel, il revient au galop ! Mais il s’agit là du seul véritable changement de comportement de la CGT, il faut bien le constater. Pour le reste, vous êtes restés « dans la ligne du parti ». Conformément à une antienne de votre syndicat, vous êtes demeurés ancré dans un affrontement avec le patronat, vécue comme une lutte des classes renouvelée. Cette culture de la confrontation conduit à des excès contre-productifs. Il y a longtemps que les syndicats européens, notamment de l’Europe du Nord dont il est difficile de dire que les travailleurs sont plus défavorisés qu’en France, ont choisi la négociation plutôt que la confrontation systématique. Vous êtes restés ancré dans une culture du XIXe siècle, à l’aube du développement industriel. Votre attitude sectaire a conduit, non seulement à une méfiance mortifère du pays envers les entrepreneurs, mais aussi à un divorce entre l’appareil et la base de votre syndicat, sauf quelques excités. En effet, comment expliquez-vous que vous refusiez systématiquement les accords nationaux alors que, localement, vos représentants syndicaux signent des accords dans 80% des cas ? Bien entendu, cela n’exclue pas des attitudes suicidaires conduisant à la fermeture de l’usine comme dans le cas de Goodyear à Amiens Nord où le mot d’ordre « plutôt détruire que négocier » a conduit à la catastrophe ! Finalement, Marx reste l’inspirateur du comportement de la CGT qui n’a pas rompu ses liens avec le communisme pur et dur, c’est-à-dire soviétique. Vous en avez d’ailleurs gardé le vocabulaire (« patrons voyous et social-traitres »). Vous êtes restés obnubilé par le dogme unique de la politique de la demande, oubliant volontairement que, lorsque les entreprises vont mal parce que l’offre est devenue obsolète, ce sont finalement les travailleurs qui paient la facture en alimentant le chômage. Il y a, en fait, une certaine hypocrisie dans votre attitude, car si vous refusez tout accord, vous profitez quand même des avancées obtenues et signées par les autres syndicats. Vous êtes enfermés dans une stratégie qui isole la France du reste de l’Europe du travail. Vous ne voulez pas admettre que la France n’a aucune chance en dehors de ses relations avec le reste du monde. Comment vivez-vous le peu de représentativité du syndicalisme français ? Comment ne faites-vous pas le rapport entre cela et votre attitude négationniste ? Il est urgent que le pays soit doté de syndicats modernes !