Cette semaine, rendez-vos avec Jules Bastien-Lepage (1848-1884), un peintre français né à Verdun. Voici Jeanne d’Arc:
Un des personnages les plus connus de l’histoire de France. La petite Jeanne est née dans une ferme à Domrémy. En pleine guerre contre les Anglais, elle a treize ans et affirme entendre des vois l’encourageant à la piété et l’exhortant à libérer le royaume de France. C’est le début d’une histoire qui la conduira en chef de guerre jusqu’au bûcher. Ici, nous sommes visiblement au tout début de l’histoire, et force est de constater que le décor dans lequel Jeanne est représentée ne fait pas envie. Une façade nue et une nature qui semble en friche, avec des débris par-ci par-là. Il semble assez évident que notre Jeanne est détachée du monde physique, au point qu’elle semble davantage se trouver dans un terrain vague que dans la cour d’une ferme. Observons d’ailleurs Jeanne: figée dans ce décor, son regard dans le vide montre qu’elle est probablement en train d’entendre les fameuses voix. Les silhouettes translucides derrière elle, l’une avec son voile virginal, l’autre avec son armure, confirment cette hypothèse, usant d’une technique un tantinet kitch d’apparition un peu facile, pour spectateur un peu fainéant. Tout l’intérêt pour moi tient dans l’attitude de Jeanne: elle n’est même pas au centre de la toile, et tout son corps est tendu vers ce mystérieux hors-champ, donnant l’impression très nette qu’elle est déjà ailleurs, que tout l’attire loin de ce décor insignifiant et abandonné qui ne sert qu’à faire ressortir cette pulsion. J’aime beaucoup cette manière étonnamment réaliste, crue, prosaïque de représenter et surtout de faire ressentir ainsi un tel mysticisme qui ressemble presque à un somnambulisme: l’essentiel du tableau est ailleurs que dans la toile, et il faut suivre les yeux et les pas de la protagoniste pour le voir.
Qu’en pensez-vous?