L’usage du papier peint de Manon RICHARDIN

Publié le 13 avril 2013 par Dominique Rémond

Saisissantes, originales, et féminines, les œuvres de Manon Richardin nous attirent par leurs lignes fortes, leurs couleurs vives, leur contenu corporel, et leurs textures variées. Ses œuvres représentent les parties du corps des femmes en feutre et en acrylique sur papier peint.

Le papier peint comme technique inspire des idées fascinantes, comme il est en même temps quelque chose de banale, une partie intégrale de l’abri, et quelque chose de décoratif. Le papier évoque l’idée que la femme est une partie cachée du mur. La matière présente aussi un élément démodé de la vue de la femme comme objet décoratif, parce que le papier peint texturé lui-même devient de plus en plus démodé en faveur des styles de la décoration intérieure modernes utilisant simplement le peint et les matériaux nus.

Dans le tableau « Seins, » la texture du papier peint équivaut à la texture de la dentelle d’un soutien-gorge. Cette comparaison d’une matière si intime que la lingerie avec une substance si commune que le papier peint nous frappe par sa dissonance. Par exemple, le papier peint est d’habitude installé sur le mur par un ouvrier qui construit des maisons, tandis que la femme en principe met le soutien-gorge elle-même. Par la suite, cette comparaison nous inspire des idées du manque de control de la femme et de la manipulation de la femme par les forces publiques. Les œuvres de Manon Richardin sont pleines de ce genre de confrontations surprenantes de matières.

Même si elles représentent les formes reconnaissables, quelques unes de ses œuvres tiennent un aspect plus abstrait quand on les voit de près : il faut prendre de recule pour comprendre ce que les formes et les couleurs veulent dire. C’est comme les tableaux des impressionnistes : vu de trop près, on ne voit que les couleurs, les textures, les lignes et les formes. Pourtant l’effet de l’œuvre en totalité, vue de quelques pas plus loin, est évidemment une partie du corps féminin. C’est exactement cet effet-ci qui donne aux œuvres un sens significatif parlant de la femme, qui est trop souvent fétichisée et réduit à ses parties du corps distinctes. 

 

Comme les murs font partie du domaine de la vie domestique et familiale, le papier peint suggère des éléments de ce thème, où la femme joue le rôle vertueux de la mère et de l’épouse. Les tableaux, néanmoins, contiennent des images retaillées aux parties du corps singulières et souvent sexualisées : la figure et les yeux dans « Chloe, » les fesses dans « Aubade, » et la poitrine dans « Seins. »  La juxtaposition du côté sexualisé des corps des femmes, où le fétichisme isole des parties particulières du corps, contre la base domestique et puritaine de la femme idéale dans la maison, montre les paradoxes et les impossibilités qu’affrontent la femme de nos jours, qui ne peut pas satisfaire tous les rôles idéalisés qui l’assaillent. 

Les oeuvres de Manon Richardin seront exposées à la Galerie Art' et Miss jusqu'au 28 avril. 

Anna Swenson