C’est l’histoire d’un groupe français qui fait fureur partout dans le monde, et que peu de français ne connaissent. Non, il ne s’agit pas du groupe M83 qui doit tous ses fans aux ricains et à Jimmy Fallon, mais de dOP, qui met la séance à tout le monde (de 7 à 77 ans – tous les gens aptes à jouer aux jeux Ravensburger en somme) depuis bientôt dix ans. C’est les meilleur et pis c’est tout.
Clément Aichelbaum, Damien Vandesande et Jonathan Illel sont tous trois nés en 1980. Influencés par nombre de styles musicaux, ils sont des « bricoleurs intéressés », et très intéressants. Lancé en 2007 le projet est à la croisée d’une myriade d’influences, entre le jazz, la soul, le tzigane, la techno, le dub et un brin de classique. Ils sont ainsi très liés au maître Nicolas Sfintescu de Nôze (le deuxième meilleur groupe français), partageant ensemble la même idée de faire de la musique de danse organique dans la manière classique de composer, avec de vrais instruments de tous abords, et avec une grande place laissée à la voix. On retrouvera alors sur certains morceaux un savant mélange une clarinette tzigane et une boucle techno, ou encore un intelligent mariage entre de la chanson à texte, et une belle partition de jazz à la batterie et au piano. Un truc de malade donc.
Au delà de leurs morceaux couchés sur le physique, les mecs sont des tarés. Ils pensent la musique avec une incroyable énergie, font toujours passer un message très fort dans chacun de leurs morceaux, gavés de leurs expériences respectives ou communes. A cela s’ajoute un amour profond pour des instruments trop souvent cantonnés à des rôles classiques, tels que les flûtes, le cor, les différentes percussions, le saxophone et le trombone, qu’ils s’amusent aisément à marier avec une belle boucle de Moog mélodique et ravageuse.
dOP - No More Daddy
Les trois fous savent aussi très bien s’entourer, travaillant avec des amis comme Nôze, Dave Aju (chez lequel on peut retrouver des sonorités ressemblantes, notamment sur son très bon Heirlooms), Guy Gerber, DJ Koze (qui vient de nous pondre un des meilleurs albums de l’année – Amygdala), Guillaume & the Coutu Dumonts, Tiefschwarz, ou encore le génialissime Aquarius Heaven. En 2009, ils signent sur l’excellent label FRANÇAIS Circus Company, qui est en passe de prendre le pouvoir dans la sphère live/électronique/coolitude. En outre, on peut également les retrouver sur des remixes pour Get Physical, Peppermint Jam, et environ l’intégralité de la crème allemande, et un peu plus. En Juin 2010, ils sortent leur première compilation sur le label Watergate pour le fameux Watergate Club de Berlin. Une énorme tuerie. Lau mois d’octobre de la même année, sort leur album très attendu, Greatest Hits toujours sur Circus Company. Véritable ode à la méditation par la mélodie, cet opus est une invitation à pénétrer dans leur travail, et penser leur musique dans son intégralité, de la voix de JAW à la violence des boucles techno, en passant par la foule d’instruments utilisés.
dOP feat. Nôze – Romeo
Mais ce qui fait la force de dOP, c’est le live. C’est les meilleurs, et de loin. En 2011 ils ne sont pas élus 3e meilleur live par le crew de Resident advisor pour rien (Top 20 Live Act 2011). De tous les groupes de musique qui ont une base d’électronique (car oui, avec eux, pas de mix, que de la création pure et belle), aucun d’entre eux n’est aussi humain, beau, envoutant, magique, que dOP. De leur live dans les arènes de Nîmes à l’été 2012, à leurs diverses prestations à Berlin (dont une en extérieur par – 20°C), en passant par leur live à Clermont-Ferrand en 2011 (si, si), la chaleur est toujours présente, le génie entoure la foule dans une communion folle, et l’amour est roi. En plus, ces mecs jouent partout dans le monde : ils reviennent d’une tournée en Inde et au Mexique. Dernier live en date, un passage mémorable pour la Boiler Room à Berlin, où une force impressionnante se dégageait de leur show, même palpable derrière un écran. Un mélange entre quelque chose de brulant, aveuglant et chaleureux, prenant forme autour des corps dansants, comme jetés en pâture devant tant de magie. Cette alchimie hors du commun donne, en plus de te faire danser tout seul sur ton canapé, une curieuse envie de boire des Cuba Libre sur la plage en dansant tout nu et en fixant le soleil à s’en brûler la rétine. Impressionnant. En plus, ces mecs sont les plus gros fêtards que tu pourras trouver en live. Ils ont une sacrée descente à la vodka, et j’aimerais pas la remonter à vélo, je te le dis.
dOP en live @ Cabaret Sauvage, avec Aquarius Heaven et Pillowtalk
Et comme on n’était pas rassasiés, ces fous viennent de monter un nouveau projet, Les Fils du Calvaire, impliquant davantage leur amour de l’instrument, avec des paroles complètement addictives. (A noter que le nom est tout aussi beau que leur musique).
Les Fils du Calvaire - Femmes d’Affaire
Allez, si tu veux éclater de rire en dansant sur une musique électronique aux couleurs du monde, qui t’envoie en transe sans savoir où tu vas atterrir, écoute dOP. Tu peux même leur crier ton amour.