Devant le Parlement luxembourgeois, où il a prononcé son discours annuel sur l’état de la nation, Juncker a concédé qu’il ne pouvait rien faire contre l’Oncle Sam dans le cadre des négociations sur le Foreign Account Tax Compliance Act : à défaut d’abolir son secret bancaire, le Luxembourg se couperait la branche financière sur laquelle il accueille les petits nids yankees remplis d’œufs en or !!
Et comme le Grand-Duché «ne peut pas refuser aux Européens ce qu’il accepterait d’accorder aux Américains», a-t-il poursuivi…. Voilà, c’est fait ! La retenue à la source aura fait long feu et vive l’échange automatique d’informations entre les administrations fiscales. Seules les personnes résidant au Grand-Duché bénéficieront encore du secret bancaire. C’est déjà beaucoup !
Rosa Luxembourg doit se réjouir dans sa tombe en constatant le démantèlement progressif des paradis fiscaux. La marxiste (1870-1919) avait toujours, à l’image de Marx, condamné le capitalisme dans sa recherche d’accumulation des capitaux ! Ces capitaux placés sont enréalité des plus-values extorquées sur le travail d’acteurs pas suffisamment rémunérés.
L’argent appelant l’argent la plus-value réalisée est d’ordre financier ! Les rémunérations non versées (qui auraient permis d’accroître le pouvoir d’achat des salariés et l’acquisition de produits locaux plutôt que l’engouement pour des biens low-cost venus d’Asie !) sont autant de profits qui s’accumulent dans des paradis fiscaux exempts d’impôts. Rosa confirmerait ainsi que les capitalistes échappant à l’impôt font peser la charge fiscale sur le pouvoir d’achat des ouvriers (si tant est que cette catégorie socio professionnelle ait encore une résonnance !)
Par ailleurs, les banques de ces offshore peuvent prêter les fonds avec retour sur investissement eu égard aux taux d’intérêt exigés. Le monde financier prend alors l’emprise sur l’économie réelle et génère un endettement mondial qui finit par perdre ses contours.
Mais, à son époque, Rosa ne pouvait imaginer un capitalisme purement financier. Elle évoquait le placement de surplus dans des économies externes, dans l’exploitation de pays à fortes richesses naturelles et expliquait ainsi le colonialisme.
Le nouveau colonialisme consisterait donc à conquérir le cœur des paradis fiscaux et à en tirer un double avantage : baisse de poids fiscal et retour sur investissement via les intérêts rémunérateurs !
La suppression progressive de tels paradis ne se fera que progressivement ! Et quand bien même serait-elle un jour totalement accomplie que l’économie mondiale ne s’en porterait pas mieux ! La cupidité humaine a tellement de ressort que l’exploitation de l’homme par l’homme se gave d’avatars !