"Le modèle français dans l'impasse" de Jean-Louis Caccomo

Publié le 13 avril 2013 par Francisrichard @francisrichard

Au commencement étaient deux voies, le socialisme et le libéralisme. Il n'y en avait pas de troisième.

Puis le socialisme prit la forme de l'Etat-providence et l'Etat-totalitaire apparut comme la troisième voie possible après le refus du socialisme et du libéralisme. Celui-ci devint alors la vraie troisième voie, celle qui marche, alors que les deux autres produisent toujours misère et désolation.

Dans son dernier livre, Le modèle français dans l'impasse, Jean-Louis Caccomo explique pourquoi le modèle français, dans l'impasse totale, est gros d'Etat-totalitaire.

L'Etat-providence est le problème et le libéralisme la solution, si l'on entend bien sûr par libéralisme ce qu'il est vraiment et non pas la caricature qui en est faite par les ignares et ceux qui les écoutent.

Dans le modèle français l'Etat se proclame infaillible. Il est le seul - miracle! - à être parfait dans un monde qui, comme la condition humaine, est imparfait.

Le marché est de ces imperfections que seul l'Etat infaillible peut corriger. Il le fait donc, détruisant par là même la concurrence (qui n'existerait pas si le marché était parfait) et, dans le même temps, les effets bénéfiques qu'elle produit en permettant à tout un chacun de faire l'apprentissage de ce qui marche et de ce qui ne marche pas.

Pour les ignares d'experts, l'Etat infaillible peut intervenir partout - santé, éducation, études, retraite etc.- parce qu'il détient un trésor caché, inépuisable. En réalité, les contribuables sont la source de ce prétendu trésor, et elle n'est pas intarissable. Car, quand la coupe est pleine, l'économie parallèle et l'émigration des personnes qualifiées se développent:

"Pour rendre artificiellement rare une ressource, il suffit d'en faire une matière fiscale."

Cette réalité, les ignares d'experts ne veulent pas la voir. Ils croient au Père Noël. Ils croient que l'Etat peut perdurer, même s'il est un panier percé: 

"Qui serait assez fou pour continuer à remplir avec un liquide précieux une baignoire percée? Les plus sensés couperaient le robinet pour pouvoir réparer ou même changer la baignoire. C'est ce qu'on appelle la réforme. D'autres plus inconscients vous diraient qu'il sufffit d'ouvrir encore plus le robinet pour maintenir le niveau et compenser ainsi les fuites. C'est précisément ce que disent les "experts" quand ils nous invitent à dépenser plus, à consommer plus pour soutenir la croissance!"

L'Etat régulateur infaillible, en imposant un contrôle des prix, des loyers, des salaires, en partageant autoritairement le travail, organise en fait la pénurie des produits, des logements, des qualifications, des emplois.

L'Etat, en voulant éradiquer toutes les inégalités, conduit en fait à la ruine générale et à la misère. Qu'est-il pourtant préférable: d'être tous pauvres ou qu'une partie toujours plus grande ne le soit plus, même si c'est de manière inégale?

Les "experts", et ceux qui les écoutent, dans le meilleur des cas, ont oublié les lois économiques, sinon ils les ignorent, tout simplement.

Ainsi, apparemment, ils ne savent pas - confondant l'effet et la cause - que c'est le travail de l'homme qui transforme des ressources naturelles en richesses économiques et que, si l'homme cesse de travailler, les richesses s'épuisent. Elles ne sont jamais acquises pour toujours. Une partie des richesses est détruite dans la consommation, une autre est disponible pour l'investissement, qui va permettre de créer d'autres richesses.

Or, tous ces beaux esprits incitent les Français à ne pas travailler en leur accordant des droits sociaux, qui sont de faux droits, et en leur garantissant par là-même un minimum de subsistance:

"La génération de 68 a hérité de l'effort accumulé par les précédentes générations durant les trente glorieuses, lesquelles ont rempli le grenier du pays, grenier dilapidé pendant les trente "piteuses" par les générations qui ont cru pouvoir consommer et jouir des droits sociaux sans produire et sans travailler."

Maintenant que le grenier est dilapidé, les Français, encouragés par leurs soi-disant élites, croient qu'ils sont les victimes du fonctionnement injuste de l'économie et persévèrent dans l'erreur - qui, à force, en devient diabolique - que l'Etat est la panacée de tous leurs maux et qu'il détient ce fichu trésor caché:

"Tout le monde est pour le maintien, voire l'extension du service public mais personne ne veut payer d'impôts. Tout le monde aspire à toucher des retraites correctes mais personne n'est prêt à supporter de nouvelles augmentations de charges. Tout le monde veut une école de qualité et une université de haut niveau mais personne ne veut mettre la main à la poche."

Pour justifier l'intervention de l'Etat infaillible, la droite et la gauche invoquent les défaillances du marché. Ils font du marché un "être mystique qui manipule les hommes". Ils se fourvoient complètement:

"Le marché, c'est ce qui émerge spontanément si on laisse les gens libres d'agir. Et les gens veulent être libres d'agir. C'est pourquoi ceux qui se battent contre le marché se battent en vain, car ils se battent contre eux-mêmes."

Les gens se trompent. Et alors? Ils apprennent. Tout choix comporte un risque. C'est dans la nature du choix. Il est impossible de faire un choix sans faille. S'ils vont trop loin dans l'erreur, la sanction c'est la faillite. Ils évoluent. Ils sont obligés d'évoluer.

Rien de tel avec l'Etat:

"Les responsables politiques sont sans doute les seules personnes qui peuvent prendre des décisions sans se demander, par avance, si on pourra les financer, si on pourra en supporter les conséquences."

D'où la nécessité de limiter leurs responsabilités.

De plus:

"Le contrôle et la planification ont pour effet de bloquer généralement toute évolution. C'est ce qui rend le changement dans la fonction publique très difficile sinon impossible. La planification est soucieuse d'ordre social et de contrôle social parce que l'on ne peut planifier que ce qui se répète immuablement."

C'est l'impasse, totale.

Alors, pour en sortir, il faut rappeler d'où viennent croissance et prospérité.

La croissance suppose que tous les individus aient les mêmes droits et les mêmes devoirs - ce qui est remis en cause par la multiplication des faux droits que sont les droits sociaux, "fondés sur la défense d'intérêts prétendus collectifs":

"C'est [...] la possibilité de bénéficier de droits sociaux sans aucun effort en contrepartie, et donc sans avoir nullement cotisé, qui constitue un attracteur sans pareil dans le monde aux yeux de millions d'individus qui vivent dans des conditions misérables chez eux."

Le résultat est mirifique:

"Les actifs [qui sont de moins en moins nombreux], découragés, quittent le territoire tandis que les assistés du monde entier trouvent un refuge inespéré en France."

La prospérité ne tombe pas du ciel. Elle vient de l'épargne et de l'accumulation de capital, de l'échange et de l'innovation, "tous ces phénomènes étant liés entre eux dans une dynamique qui est précisément l'objet d'étude principal de la science économique."

Or, l'Etat-providence s'y oppose:

"L'augmentation des charges réduit l'intérêt d'embaucher pour les entreprises, et l'intérêt d'aller travailler pour celui qui perçoit des aides sociales."

Cette impasse du modèle français fait le jeu des extrémismes de droite comme de gauche et la tentation totalitaire reprend du poil des bêtes immondes que furent le national-socialisme et le communisme.

Alors la seule voie qui reste possible est la troisième, le libéralisme, après l'Etat-providence et l'Etat-totalitaire. Alors le seul ordre possible est l'ordre spontané, qui n'est ni l'ordre naturel des conservateurs ni l'ordre construit des révolutionnaires:

"La prospérité est aussi fragile que les droits individuels sur lesquels elle repose. Mais elle est encore plus fragile et toujours plus hypothétique quand l'Etat, oubliant sa mission originelle et ses devoirs essentiels, devient lui-même le fossoyeur de notre liberté."

Francis Richard

Le modèle français dans l'impasse - Recette pour une troisième voie qui marche, Jean-Louis Caccomo, Tatamis