Ailleurs au Canada, c’est OpenBet qui assume ce rôle. C’est le cas pour EspaceJeux (Québec) et PlayNow (Colombie-Britannique et Manitoba) ainsi que pour Loto-Atlantique (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador).
Avec la négociation de protocoles informatiques communs, le rôle de serveur central ne signifie pas que l’OLG va se restreindre à un seul fournisseur … quoiqu’on puisse s’attendre à une présence importante de Spielo. Néanmoins, comme c’est le cas pour OpenBet au Canada, la plateforme de poker, qui s’exécute hors site web, peut être exploitée par un autre fournisseur.
La priorité du plan de modernisation de l’OLG est d’aller chercher, dans le marché intérieur, une compensation pour la décroissance des joueurs américains dans ses casinos frontaliers. Pour PlayOLG, les projets initiaux sont limités aux billets de loteries, aux jeux de machines à sous (loterie vidéo) et aux jeux de table où le joueur parie uniquement contre le croupier. Ces activités devraient débuter en fin d’année 2013. Le poker (entre joueurs) est prévu plus tardivement, à une date non précisée. À en juger par une entrevue accordée par le président de l’OLG, la seconde étape risque plutôt d’être le pari sur des événements. Avec ces jeux, les joueurs ne risquent pas de perdre des sommes au bénéfice d’autres joueurs situés hors Ontario. Ce n’est pas le cas du poker qui, à cet égard, peut être contre-productif.
Est-ce que les joueurs ontariens vont, un jour, se joindre au Canadian Poker Network (CPN)? Si on va aux pages 23 et 24 de la liste des stakeholders du plan de modernisation de l’OLG, on constate la présence de GTech, de la BCLC et de plusieurs autres organismes canadiens. Mais, Loto-Québec y est complète absente. À la lecture du plan de modernisation, on constate une affinité entre les visions commerciales de la BCLC et de l’OLG. Cette affinité est incompatible avec le modèle suédois adopté au Québec. Peut-être que l’Ontario va joindre le CPN. Mais, est-ce que le Québec y sera toujours?
À l’aube de la légalisation du poker en ligne aux USA, la piètre performance du poker en ligne sur EspaceJeux n’est pas un atout pour GTech. Recommencer à zéro en Ontario, en séduisant la Colombie-Britannique au passage, pourrait favoriser le lobby de GTech aux USA. On ne doit pas exclure ce scénario.
Pour que les portails étatiques de poker en ligne survivent, des juridictions doivent nécessairement mettre en commun leurs bassins de joueurs. Mais, la langue est un obstacle qui s’avère certainement plus grand que prévu. Un avantage actuel d’EspaceJeux pour les Québécois est qu’on y clavarde prioritairement en français. En contrepartie, les joueurs de la Colombie-Britannique, qui n’y pigent rien, semblent moins attirés par le CPN. Commercialement, c’est une épine au pied … et Loto-Québec ne peut pas vraiment reprocher aux joueurs québécois d’échanger en français.
Par ailleurs, GTech/Boss Media est complètement absente du marché français. Un marché commun des pays francophones ne l’attire certainement pas. L’exploitant peut-il contraindre les joueurs québécois à ravaler leur langue? Beau marais politique! Incidemment, cette bataille est sans doute déjà commencée. Sur la plateforme EspaceJeux, on constate déjà un début de je-m’en-foutisme à l’égard du français. Malgré la loi 101, et un gouvernement souverainiste, on a vu apparaître des tournois WSOP Weekly Final, WSOP Daily R&A Sat, WSOP Daily Sat, WSOP Ev.60 Daily R&A, WSOP Ev.60 Daily R&A, WSOP Ev.60 WED Final, WSOP Ev.60 SUN Final.
Par ailleurs, avec l’Omnium de poker, illégal selon la propre interprétation de la loi par le gouvernement québécois, on a aussi pu constater la tentative de confier l’organisation des tournois à l’entreprise privée. C’est dans l’esprit du plan ontarien. Mais, ce n’est pas dans celui du modèle québécois. GTech est peut-être déjà ailleurs.
Photo : Caddymob