La nuit me parle de toi
elle ne me donne pas de rêves
pleins de femmes transparentes
mais elle m'apporte ton image
afin que ton absence
ne m'étrangle pas tout à fait.
Elle voit avec scandale
que je n'ai pas ton corps dans mes bras
et elle allonge près de moi
le fantôme de ta peau.
Elle me dit
qu'à force de t'aimer tu m'aimeras
et qu'ainsi cessera ma longue insomnie
sur ta présence réelle
et sur ton vrai sang.
Il le faut
Il le faut
il le faudra un jour
Nous saurons inventer
Tout sera pur comme l'hiver
Personne n'aura su avant nous.
Nos craintes seront plus douces qu'une ombre blanche.
Ce sera comme si nous avions invité
d'invisibles colombes
à voler avec nous.
Ce sera comme si nous habitions le feu de leurs ailes
avant de ne plus savoir
qui nous sommes l'un de l'autre.
Alain Borne