Pour ce court voyage en terres magyares, entre Budapest et Tokaj, on m'avait indiqué le nom d'un restaurant où le vin avait ses lettres de noblesse : le BORKONYA. (ICI).
On m'avait dit également qu'enfin, en Hongrie, on commençait à trouver quelques vins rouges de qualité à côté des célébrissimes liquoreux de Tokaj et des moins célèbres blancs secs de cépage Furmint.
Vous connaissez mon sens du devoir : afin de faire connaître à quelques amis oenophiles bien que "frisquouillets côté sens de la découverte aux marches de l'est", mon sang n'a fait qu'un tour, et j'ai donné de ma personne pour réunir ici quelques impressions ex abrupto.
SOIREE AU BORKONYA Il était sage de réserver car l'endroit fait complet. Un peu bruyant, cuisine de très beau niveau, bien que leur approche du cheesecake où on y trouve de l'oignon macéré en confiture fait presque désordre. Mais nous étions là pour le vin. Vous connaissez mon sens virtuel : courageux, mais pas téméraire. Il fut donc décidé, pour cette soirée, de "travailler" ce qui se fait ici en pinot noir. Tâche éminemment délicate eu égard aux côtés capricieux de ce cépage qui a ses plus belles lettres de noblesse en terres bourguignonnes.
Un nombre impressionnant de crus et, sur demande, on sert tous ces vins au verre ! Température contrôlée parfaite. On demanda donc au sommelier de nous choisir 3 crus différents en pinot noir.
Bouh le flash ! Que c'est laid ! Un garçon vraiment connaisseur : il nous a beaucoup appris. Nos 3 pinots noirs de la soirée : Esterhazy 2011, Apatsagy 2011, Combas 2008 IMPRESSIONS Les deux 2011 ont encore des notes boisées évidentes, mais sans que cela soit une gêne majeure à une belle appréciation. Les équilibres sont là, avec peut-être un fruit en retrait, ce fruit si délicat qu'on trouve en majesté chez Mugnier, DRC et autres princes de la côte de nuits.Sur les deux premiers, ce qui est singulier, ce sont les notes épicés en fin de bouche qui rappellent quelques pinots noirs d'Oregon ou d'Italie. Ce n'est pas du tout désagréable :
understatement. L'alcool, bien que présent à 14°, ne domine pas. De belles douceurs au palais, et, pour faire court, des vins faciles sans aucune aspérité. Le Combas 2008 était un chouilla plus classe, plus fin, sans aucune note de bois. Elégant, discret, même un peu trop. Parfaitement servi à 15°, il offrait ainsi le meilleur de lui-même et sans nul doute que servi à l'aveugle en Bourgogne, il taillerait de belles croupières à plus d'un premier. A un peu moins de € 50 sur table, un plus que bon RQP.
Très généreusement, la Maison nous offrit deux crus blancs en finale dont ce tout grand liquoreux ayant la capacité rare de finir sur une fraîcheur étonnante après un tourbillon de saveurs en bouche dieu pas permis. On se ressert in petto. Si j'ai bien compris, c'est le fiston de Istvan Szepsy (qu'on verra demain) qui en est l'auteur : il ira loin ce gamin ! Quel bonheur ces mousserons sur cet orge en risotto ! Etude assez singulière du cheesecake : on a le droit de douter. Le célébrissime pont Charles, premier pont hongrois sur le Danube, détruit en 45 et refait à l'identique La cathédrale St Etienne où je dois découvrir ce jour les plus grandes orgues européennes : plus de 8000 tuyaux ! J'allais oublier de vous raconter Tosca : on va faire court : c'était tellement beau que j'y retourne ce soir. Il y en a qui sont vernis de chez verni ! Self-indulgence comme disent nos amis britons !