Laporte veut une chaine publique pour jeunes

Bernard Laporte demande à la Commission Copé de mettre en place une chaîne publique qui serait entièrement consacrée aux jeunes.
L'adjoint à Roselyne Bachelot aurait même adressé une lettre à la Commission Copé dans laquelle Bernard Laporte explique:

" (...) Je souhaite donc l’occasion du débat général conduit par votre commission pour évoquer la nouvelle place, plus ambitieuse, qui devrait être faite aux jeunes, et plus spécifiquement aux jeunes adultes, au sein de la télévision publique.

La stratégie de France Télévisions à l’égard des jeunes apparaît aujourd’hui peu lisible. Elle l’est en tout cas nettement moins que celle de la télévision publique britannique qui consacre aux téléspectateurs âgés de 16-34 une chaîne spécifique (BBC Three). France 4 doit certes proposer, selon son cahier des charges, « un éventail varié de programmes télévisuels répondant aux attentes du plus large public avec une attention particulière pour les jeunes adultes », mais il faut bien reconnaitre que les programmes actuels ne répondent que très partiellement à cet objectif et que la chaîne n’a pas encore trouvé la place qu’elle mérite dans le paysage audiovisuel.
Du côté des télévisions privées, les programmes pour jeunes sont confinés à des thématiques « légères » (musique, téléréalité, séries). L’offre sur la TNT est ainsi abondante (W9, NT 1, NRJ 12, Virgin 17…), mais rarement très variée dans ses contenus, ni véritablement novatrice. (...)
Dans le cadre de cette réflexion, je soumets six propositions à votre commission.
Proposition 1 : comme le montre l’exemple de la BBC, les enjeux relatifs à la télévision publique et aux jeunes justifient qu’une chaine spécifique leur soit dédiée. Sa création constituerait un signal fort, qui prouverait que les aspirations des jeunes ont réellement été prises en compte dans la réforme de la télévision publique. France 4, compte tenu des objectifs déjà fixés dans son cahier des charges, serait le choix le plus logique pour accueillir ce projet.
Je pense d’ailleurs qu’il est possible de faire beaucoup avec peu. Cette chaîne n’aurait pas vocation à diffuser des contenus prestigieux (films, évènements sportifs) en exclusivité, mais elle offrirait des programmes déjà diffusés sur France Télévisions, afin d’en assurer l’exposition la plus large, ainsi que des fictions ou documentaires qui ne sont pas diffusés par les chaines généralistes (et il existe à cet égard un réservoir de programmes extraordinaire). Certains programmes se sont aussi banalisés pour les adultes alors même qu’ils revêtent un grand intérêt pour chaque nouvelle génération de jeunes qui ne les a jamais vus (le documentaire De Nuremberg à Nuremberg par exemple).
Proposition 2 : la nouvelle chaîne assurerait la triple mission de la télévision publique – « informer, cultiver, divertir » – en alternant utilement des contenus de différente nature. Les missions du service public ne doivent pas isolées les unes des autres, mais au contraire agencés de façon dynamique dans les grilles de programmes. C’est la seule façon de rendre la télévision publique attractive (pour les jeunes qui ont toujours le choix de zapper) et efficace (un programme à vocation éducative a tout à gagner de précéder une émission musicale ou une série américaine).
Proposition 3 : elle soutiendrait les productions françaises réalisées par des jeunes et/ou destinées à des jeunes (films de genre, court-métrages, documentaires…) en leur réservant des plages de diffusion dans sa grille des programmes, y compris à des heures de grande écoute.
Proposition 4 : afin de faciliter l’apprentissage des langues étrangères par les jeunes, cette chaîne diffuserait les fictions étrangères en version originale, sous-titrée en français, comme cela se fait dans les pays scandinaves et comme l’avait préconisé le rapport Thélot sur l’éducation de 2004.
Proposition 5 : il importe aussi de promouvoir une utilisation optimale des nouvelles technologies de communication. La mise à disposition sur Internet des programmes déjà diffusés offrira notamment un accès aux contenus audiovisuels plus souple et plus adapté aux modes de consommation des jeunes (sans négliger pour autant les formes de diffusion traditionnelles : seules celles-ci peuvent proposer, à des heures fixes, des contenus que les jeunes téléspectateurs n’auraient pas nécessairement regardés de leur propre initiative par podcasting ou catch-up TV).
Proposition 6 : il est enfin essentiel que les jeunes soient associés à l’élaboration des contenus audiovisuels qui les concernent Dans ce but, plutôt que de créer un comité de personnalités qualifiées (à la représentativité discutable) ou de lancer une vaste consultation des jeunes Français (à l’efficacité incertaine), je propose la constitution d’un groupe-panel, composé de jeunes sociologiquement représentatifs de leur génération et s’étant portés volontaires pour une telle fonction. Ils auraient pour tâche de faire valoir le point de vue des jeunes, en complément de celui des pouvoirs publics et des professionnels de l’audiovisuel. Le groupe-panel serait obligatoirement consulté pour toutes les grandes orientations de la télévision publique concernant les jeunes.
Source: jeanmarcmorandini.com