Avant de voter les deux résolutions proposées, je voudrais dire qu’il faut les amender et qu’il en manque une troisième.
D’abord me féliciter qu’on écarte les idées de referendum, et tout le toutim. On a voté il y a 10 mois, on ne va pas revoter. Il faut agir.
Un « referendum pour moraliser la vie politique » c’est absurde et dérisoire. Qui va y croire ? C’est comme si le grand méchant loup consultait les trois petits cochons. Distanciations, abstentions et votes contre seraient la rançon du rejet profond qui traverse le pays.
On ne nous demande pas de consulter ceux qui se sentent comme floués, mais au contraire ce sont les floués qui nous demandent des ACTES, pour éventuellement ensuite nous redonner leur confiance. Le scepticisme sera profond tant que DANS LES FAITS, nos électeurs ne verront pas la différence, ni le changement.
Les discours sur la morale et la transparence ne remplissent pas les assiettes. Les promesses de moralisation font même rire avec amertume des millions de salariés, auxquels il a été demandé l’austérité alors que 590 milliards d’avoir français sont dans les paradis fiscaux dont 108 milliards en Suisse. Y a pas que Cahuzac, y a des dizaines de milliers de Cahuzac. Y a pas que des ministres, y’ a le CAC 40 tout entier. On n’est pas allés chercher les 60 à 80 milliards de fraude fiscale mais on a limité le smic, les allocations, geler les salaires, pris sur les petites retraites.
C’est ça qui ne passe pas. Je l’avais bien dit dans mes 7 minutes d’intervention au congrès de Toulouse. Ce n’est pas possible que les 500 premières familles gagnent 271 milliards, presque le budget de l’état, et que l’on bloque les services publics, les allocations familiales, les besoins immenses en santé, en école, en salaires. Ce n’est pas possible que les banques qui nous ont conduit dans le mur se partagent 18 milliards de dividendes l’an passé. Le CAC 40 sur 86 milliards de bénéfice paie des impôts dérisoires et reversent 37 milliards de dividendes qui ne servent a rien, qui n’ont aucune utilité sociale, qui alimentent le spéculation qui elle même ferme nos usines et multiplie les chômeurs.
Le choc nucléaire dans l’opinion, le cœur du rejet violent, massif, profond que nous subissons ne peut être guéri que par l’abandon de toute politique de « type cahuzacienne ». Prôner la rigueur, et ne pas appliquer celle ci aux centaines de milliards qui sont détournés de l’économie de notre pays.
Arrêtons de raconter que la France est en faillite : elle n’a jamais, jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées, tous les salariés le savent. Ce sont les banques et la finance qui nous pillent. Le cœur du rejet, c’est qu’on ne nous croira pas tant que de façon palpable dans la vie de nos concitoyens, les effets d’une redistribution des richesses ne se sentiront pas. Il faut du gras dans l’assiette.
François Hollande avait dit au Bourget : à « la délinquance financière »… « La République vous rattrapera ». Le problème est qu’on ne les a pas rattrapé encore.
Moi, je ne veux pas mettre en difficulté le gouvernement, notre gouvernement et notre parti, c’est à lui c’est à vous de négocier la transition, l’inflexion, le tournant, il s’appellera comme on voudra, mais s’il n’y a pas de ré orientation, je l’ai dis la semaine dernière, il va et nous emmène dans le mur à 300 à l’heure.
Et la je demandais qu’on amende le texte, car les promesses de traque de la fraude fiscale (60 à 80 milliards) c’est bien mais elles échoueront si on n’embauche pas 2000 inspecteurs des impôts. C’est très sérieux, très concret, palpable et indispensable. Car Sarkozy a détruit les services de contrôle, tous les DGC CRF, l’inspection du travail, les douanes, les impôts… ils n’ont plus les moyens matériels et humains. Ne faisons pas des lois d’apparence, mais appliquons de façon sérieuse ce que nous annonçons maintenant !
Il y a sur les quais du Havre 170 kilomètres de containers sans contrôle tout y est, les trafics, de la drogue à la mélanine, le Tracfin n’a pas les moyens de lutter contre la délinquance financière dite « en col blanc ». L’inspection du travail n’a pas les moyens de lutter contre le travail dissimulé et ses couts, l’effectivité du droit du travail n’existe pas dans les entreprises, et au lieu de faire une mauvaise loi qui l’affaiblit on ferait mieux de doubler les sections d’inspection du travail. Ca rapporterait ! François Hollande me l’avait une fois « sous Lionel Jospin, on aurait du t’écouter et ce n’était qu’une petite ligne budgétaire et cela aurait fait du bien aux gens ». Recruter 2000 inspecteurs des impôts, faire la réforme fiscale et la mettre en oeuvre en urgence, ça serait une meilleure réponse qu’un referendum et mille auto-proclamations, genre promesses de gascon, sur la transparence !
Et j’aurai dit aussi qu’il fallait une résolution sur le social. Qui ne comprend pas que c’est indissociable, que c’est le cœur du problème ? Qui peut passer à côté ? L’ANI est une loi catastrophique, (mal votée), type accord Hartz IV, elle est faite comme cadeau d’apaisement au Medef et aux agences de notation, comme l’ont été les 20 milliards de crédit d’impôt, mais cela n’empêchera pas le Medef de se ruer sur la facilitation des plans de licenciements, et de faire des charrettes a la fin de l’année… Et le SPD en Allemagne se mord les doigts d’avoir fait les lois Hartz (lequel a fini comme condamné lui aussi pour corruption).Nous nous mordrons les lois de la loi ANI Medef.
Ce choc « Cahuzac » devrait toucher tout le monde profondément, violemment, les consciences doivent bouger, et être l’occasion d’un ressaisissement avant qu’il ne soit trop tard. Le changement c’est maintenant. La relance c’est maintenant !