Nous n’avons pas un problème de numérotation de république mais un problème de CLASSE ET DE CAPITALISME

Publié le 12 avril 2013 par Lalouve
L’"affaire Cahuzac" a créé une "onde de choc" à laquelle beaucoup ne s’attendaient pas, dit-on (on ne pensait pas en effet que cela agiterait autant, puisque finalement, le fond de l’histoire ce sont des faits vieux comme mes robes et très connus : les paradis fiscaux, l’évasion fiscale etc...) - on ne sache pas non plus que les dérives du financement politique aient jamais épargné le PS "auparavant" (Urba-Gracco, Pechiney-Triangle, Carrefour du développement etc), pas plus que l’UMP ou aucun parti, d’ailleurs.
 Toujours est-il que, c’est un fait, depuis quelques jours on ne parle plus que de cela ! La "moralisation" de la vie politique !
Ça doit prendre la suite de la "moralisation du capitalisme financier" ?
On parle alors désormais de créer une "autorité administrative indépendante" (c’était ça ou une "commission") pour "contrôler" la "moralité" et la "transparence financière" de nos zélus, et (mais ça on ne le dire pas) pour enterrer le dossier brûlant.
On maudit les "paradis fiscaux" (quand on les aura supprimés, tout ira mieux ?), c’est tendance et surtout, c’est loin. En plus, ils ne risquent pas de protester. On jettera quand-même un voile pudique sur le statut de l’immense majorité de ces territoires qui justifient à eux seuls que continuent d’exister des monarchies rendues obsolètes à bien des égards par ailleurs ( Antigua, Barbade, Belize, Caïmans, Grenade...sont de vrais joyaux de la couronne d’Angleterre, Aruba pour la reine Beatrix des Pays-Bas...) ....
En contre-feu, on agite par la même occasion un spectre anarchiste.... Quelle horreur mon dieu ! Vous imaginez ? Le chaos. Oui. On parle donc d’un vent d’"antiparlementarisme" pour fustiger les légitimes demandes de la populace (qui n’est bonne qu’à voter et devrait arrêter d’emm...ses zélus avec des réclamations de transparence. La transparence c’est mal, c’est totalitaire, on vous l’a déjà dit...)
Ce matin sur Europe1, Riri Guaino pleurait presque sur le manque de respect dont il était l’objet, lui, respect dont il devrait bénéficier, selon lui, du seul fait de sa fonction, fonction qu’il a accepté d’endosser, c’est connu, par pur esprit de sacrifice pour la nation et volonté désintéressée de servir la pôtrie.
Sur une autre chaîne un philosophe renchérit : avec ces injonctions populistes (forcément) de transparence, les hommes politiques sont "traités comme des choses" et ça, c’est mal (personne ne lui demandera si ce ne sont pas plutôt les hommes politiques qui nous traitent, nous, comme des - pauvres - choses)....
Les story-tellers s’interrogent : un député s’immolant par le feu devant l’Assemblée en demandant "le respect " serait certes du jamais-vu, mais cela ne mettrait-il pas un point final magistral et grandiose à cette vilaine cabale que "le peuple" déclenche contre ceux qui le tondent et s’apprêtent à le tondre encore davantage, "austérité" oblige ?
Sur ce, les éditocrates s’offusquent : va-t-on leur demander à eux aussi la publication de leur patrimoine ? Combien gagnent-ils, d’où leur vient "l’argent des ménages" ? Ce serait pourtant normal de savoir combien gagnent les faiseurs d’opinions qui nous manipulent le cerveau à longueur de journée.
Là, on montre du doigt un patron guadeloupéen, député qui gagne 80.000 balles par mois à exploiter les autres et à faire de la spéculation immobilière ( comme tous les personnages de son espèce, non, pas les guadeloupéens, les PATRONS). Je l’ai toujours dit, je suis contre les patrons et les cadres dirigeants dans la représentation populaire. Maintenant, j’attends la publication des patrimoines des Dassault père et fils, respectivement sénateur et député : combien ça rapporte (comptes off-shore et étrangers compris ?) de vendre la mort aux quatre coins du globe ? Qu’est-ce qu’on peut cacher et comment ?...
Entendons-nous bien, c’est normal - et pas sale du tout - de clouer au pilori de la généralité tous les chômeurs du pays comme fraudeurs potentiels et parasites évidents, les étrangers comme voleurs de pain de Français (et d’autres choses), c’est normal aussi de coller des contrôles fiscaux à des gens qui ne gagnent même pas 50 000 balles PAR AN, MAIS on ne touche pas aux sénateurs ni aux éditocrates, parce que ça, ça met la "démocratie" en danger....
Toutes ces questions patrimoniales, ce sont des questions légitimes et éclairantes et il faut les maintenir, les poser encore et encore : combien gagnent et quel est le patrimoine de ceux et celles qui, à différents niveaux, "s’occupent de notre bien" (sic, comme dirait Lacan).....
Cela étant, ne nous laissons pas mystifier : tout ce débat (déballage ?), par quelque bout qu’on le prenne, contribue finalement, insidieusement à déplacer ces questions, légitimes, sur le terrain de la MORALE.
Or, on n’est pas en cours de philo’, là, mais en matière politique, c’est à dire de gouvernement de soi et des autres, de vie de la Cité... dans un système qui s’appelle le CAPITALISME.
Le fond du débat qu’on essaie là d’escamoter (y compris en agitant un "capitalisme financier" supposé être la source unique de tous les maux), c’est la division de la société en CLASSES, l’exploitation, la domination et le rôle de l’État (pas de la "5ème République") et de TOUS ses appareils dans le maintien et la perpétuation de cette exploitation, de cette domination .
Or, ceci, ce n’est pas une question de morale, ni de moralité, ni même de richesse(s) (dans une certaine mesure, on est toujours le "riche" ou le "pauvre" de quelqu’un...) c’est une question de CLASSE SOCIALE, et aussi, pour les "politiciens" et les cadres, de camp que l’on choisit, consciemment ou pas. Qui possède le Capital ? Qui exploite qui ? Et qui est un soutien objectif à la bourgeoisie ?
Ajouter à cela la guignolade de la revendication d’une "nouvelle République", prétendre qu’une éventuelle réforme constitutionnelle, et même, une constituante (enfin, soi-disant) vont modifier ce système-là, là est le mensonge condamnable, pour le coup, politiquement et selon la morale de la lutte de classe.
Car c’est un mensonge, qui brouille la conscience, et qui en plus, fait perdre du temps au prolétariat dans son rassemblement et dans son organisation, dans sa prise de conscience, c’est un mensonge qui rend service à la bourgeoisie (c’est bien pour cela que ses organes de presse en font la promotion d’ailleurs), donc c’est un mensonge qui nous dessert et qui sert, en revanche, les intérêts du Capital.
"La nuit tous les chats sont gris", c’est vrai, et il fait de plus en plus nuit dans ce pays. Ne nous laissons pas abuser.