en défense de la terre sacrée de Virikuta et du peuple Wixaritari (Huichol) 1er mai 2013 CERRO QUEMADO – ROQUEFIXADE (ARIÈGE), je reçois, soutiens, participe et transmets :
APPEL DE LA MONTAGNE BRÛLÉE
La poésie n’est pas uniquement un croisement de mots pour les noces spectaculaires des oreilles du divertissement. Si la poésie reste une fête de la langue, elle est aussi un témoignage et une résistance. La poésie, entre la langue et la vie, est en permanence la conscience du réveil et des alarmes. Elle est aussi l’œil-veilleur de la bouche cachée de l’humanité qui défend le droit de son nom.
Le peuple Wixaritari, connu dans le monde entier sous le nom de Huichol, est un peuple d’artistes-chamans qui vit dans la Sierra Madre du Mexique. Les œuvres magnifiques que ces artistes, derniers poètes du soleil et du feu, réalisent avec des laines colorées sur des tableaux de bois, retracent les voyages initiatiques de la quête du peyotl. Ils sont parmi les plus beaux témoignages de l’art des peuples premiers du monde.
VIRIKUTA, la terre sacrée des Huichols, est aussi la terre des poètes. Elle est la Terre-mère du peyotl, la terre des poètes de la vision, une méditation de la terre sur elle-même. La montagne du Cerro Quemado n’est pas la carte postale d’une géographie du tourisme, mais la hauteur d’une des premières poésies flamboyantes du monde.
VIRIKUTA, lieu où le ciel s’enfonce dans les pierres, appartient au patrimoine spirituel et mystique de l’humanité.
Les Huichols, dans l’anthologie mondiale du sacré, ont inventé avec leurs rites, leurs cérémonies et leurs langues, une poétique de la terre.
Depuis 2009, la compagnie minière canadienne FIRST MAJESTIC SILVER, a racheté 22 concessions de mines d’argent à l’État fédéral de San Luis Potosí, dans le nord du Mexique. Faisant fi de toute consultation démocratique avec le peuple huichol, les politiques sans scrupule ont vendu un des lieux fondamentaux de la spiritualité mondiale.
Située près de la station de chemin de fer de la ville de REAL DE CATORCE, la montagne du CERRO QUEMADO est un espace de « géo-poétique » où les Indiens WIXARITARI, viennent cueillir la plante mythique du peyotl, depuis l’inauguration des temps.
Ces concessions honteuses livrées aux multinationales vont détruire et profaner la terre mère de ce peuple du poème. On sait que les systèmes d’exploitation mis en place vont détruire cette terre : dynamitage, polluant, mercure et cyanure, boue contaminée.
Dans le contexte de la crise mondiale, les vautours de la finance sont en quête des valeurs refuges de l’argent. On les voit partout, sur l’ensemble de la terre, chercher l’argent de l’exploitation humaine contre « l’or du temps ».
La poésie est en même temps une écologie et une résistance.
La terre, comme l’humanité, a droit à la liberté de sa beauté et de sa spiritualité.
Depuis les « contre-montagnes » de l’Ariège, notre marche, déployant la spirale stratégique du « caracol », inventera un couloir de poésie à travers l’espace jusqu’à la montagne brûlée, le « Cerro quemado » du peuple des Wixaritari, au Mexique.
Nous, poètes et zapatistes des contre-montagnes de l’Ariège, appelons à la résistance et à la solidarité avec le peuple de la terre du poème.
Exigeons ensemble du gouvernement mexicain l’annulation des droits d’exploitation.
MOBILISATION DE TOUS LES INDIENS DE LA TERRE !
DÉFENDONS LA TERRE DES POÈTES DE VIRIKUTA !
SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE HUICHOL !
Appel
pour une marche mondiale de la poésie
Internationale de la philosophie directe
Parfois
on rencontre
un pied
de l’autre côté de la page
pour nous signifier
que l’on n’écrit pas
mais que l’on marche
et qu’il faut aiguiser nos crayons
au bout de nos souliers
Parfois
une pierre
se réveille
dans la nuit pour qu’on la lance
Parfois
on forge des anneaux
avec du sel et du lait
Parfois
on mange une soupe de fleurs avec un caillou noir
qui remplace le pain
Parfois
un seul nuage dépeuple le ciel
Parfois
le rire rit de notre rire
et devient un mauvais papillon
qui pêche le ciel au bout d’un fil
Parfois
notre maison
est inhabitable
Parfois le compagnon
qui garde la montagne
demande un mot de passe
à un vêtement
accroché à un éclair
Parfois
les questions tournent
comme des cordes
et attachent les questions
Où vas-tu ?
Quel est ton nom ?
Où se trouve
le deuxième fleuve ?
Qui est l’homme qui a laissé
son vêtement suspendu à l’éclair
Parfois
celui qui montre
son pied est invité à marcher
sans ses souliers
Parfois
nous classons un soulier
dans la bibliothèque
à côté d’un livre et d’un fusil
Parfois
nous enfonçons
un livre dans un soulier
Parfois
nous buvons dans un soulier
car nous n’avons pas de verre
Parfois
nous utilisons notre soulier droit
comme un marteau pour enfoncer
un clou dans notre soulier gauche
Parfois
nous nous enlevons
les souliers pour perdre
la route
Parfois
nous marchons
vers un soulier qui garde un autre soulier
Parfois
nous marchons sans nos pieds
Serge Pey
CONSEILS POUR LA MARCHE
TRAJET DEPUIS TOULOUSE : DURÉE 1 HEURE 30
Direction ANDORRE-FOIX-PAMIERS
Pour l’itinéraire : le plus simple est de prendre la N20 jusqu’à la sortie-Perpignan.
De là, prendre la D117, et prendre à gauche (à peu près 5km après le village de Celles) en direction de Roquefixade.
RENDEZ-VOUS :
8h30 précises, devant la mairie de Roquefixade.
La marche se déroulera sur une journée ; Départ impérativement 8h30. La marche se terminera entre 17 et 18h. Elle aura lieu sur un terrain montagneux. Prévoir de bonnes chaussures de marche et un sac à dos léger avec nourriture et les boissons pour la journée. Également un vêtement pour la pluie rangé dans le sac.
APRÈS LA MARCHE, nous nous retrouverons pour nous restaurer autour d’une soupe, on vous demande juste de penser à amener une entrée, si vous pouvez, ou un dessert, et une boisson.
Tous les MARCHEURS, en écho et en solidarité, avec le Front zapatiste de libération, devront se munir d’un PASSE-MONTAGNE NOIR ET D’UN FOULARD rouge. C’est la seule condition de participation à ce chantier d’art provisoire. Notre marche de la poésie est aussi une marche zapatiste.
Notre front s’élargit à la terre entière
NOTRE MARCHE N’EST PAS UNE PROMENADE, c’est une marche de la poésie et de la solidarité avec le peuple Huichol et les peuples du monde entier qui défendent une poétique de la Terre.
Cette marche DE LA POÉSIE est AUSSI une cérémonie. Un film sera tourné et envoyé aux Assemblées de défense de la terre sacrée de VIRIKUTA.
Ciam
Chantier d’art provisoire
Université de Toulouse le Mirail