Le Président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a clairement affiché ses réserves concernant la publication des patrimoines des élus : « Je ne voudrais pas que, dans cette volonté de lutter contre toute dérive, on donne une nouvelle fois le sentiment que les élus sont condamnables a priori. Ce serait une mauvaise chose pour la démocratie ». Des réserves visiblement partagées par nos parlementaires, interrogés par le Populaire du Centre. Et c’est l’unique femme parlementaire de la Haute-Vienne qui se montre la plus hostile !
« Je suis discipliné, donc je voterai cette loi et je l’appliquerai. Toutefois, il faut voir le texte. Le problème n’est pas tant de déclarer son patrimoine ou de le publier que de contrôler si ces déclarations sont justes. Personnellement, je n’ai jamais été contrôlé. J’espère que la future loi donnera les moyens réels de contrôle, car certains aspects, comme le patrimoine immobilier, méritent d’être vus de très près. Enfin, l’affaire Cahuzac est une véritable catastrophe, car elle jette le discrédit sur toute la classe politique ».
« C’est une idée qui me paraît aberrante. Les élus sont comme tout le monde : certains sont mariés sous le régime de la communauté, d’autres en séparation de biens, d’autres sont célibataires. J’étais enseignante et j’habite à la ZUP de l’Aurence. C’est vrai. Mais si demain quelqu’un veut mentir, il peut l’afficher en 4×3 sur les murs de Limoges, cela restera un mensonge. Mieux vaut donc contrôler et sanctionner que d’étaler des informations à même de jeter le doute et la suspicion ».
« Nous remplissons tous un dossier où l’on détaille, au centime près, nos comptes et ceux de nos conjoints. Le problème, c’est qu’il n’est pas sûr que le tout soit systématiquement vérifié. C’est cela qu’il faut exiger, et non une publication qui ne pourrait qu’engendrer une suspicion généralisée. Certes, s’il le faut, je le ferai. Mais on ne mesure pas tous les problèmes que cela pose : les familles sont parfois reconstruites, il y a des successions… Les gens veulent des élus intègres. Alors, que l’on vérifie d’abord et qu’on sanctionne si besoin. Ce sera sûrement plus efficace. Avant de voter la loi, j’attendrai de voir le texte ».
« Je voterai cette loi si elle est complète, c’est-à-dire si elle est élargie à toute la sphère publique et parapublique. L’important n’est pas de dire ce que vous possédez, mais de savoir comment vous l’avez obtenu. Personnellement, je ne divulguerai mon patrimoine que lorsque j’y serai contraint. »
« Le fait d’avoir à publier mon patrimoine ne me pose aucun problème, même si je n’y suis pas favorable. Il faut des contrôles et des sanctions. On est toujours le riche de quelqu’un. Pourtant, nous sommes dans une période de changement et on voit bien qu’on ne peut pas y couper. Cette loi ne doit pas être votée dans la précipitation, sous la pression médiatique. Il ne faudrait pas, comme avec Sarkozy, qu’on ponde des textes inapplicables. »