La Fondation Cartier a fait découvrir en 2005 déjà l’œuvre de Ron Mueck au public français, mais vous aviez peut-être vu auparavant – comme moi – son Boy de 5m de haut à la Biennale de Venise en 2001. Fidèle à son programme de mécénat, qui est celui de s’investir
auprès des artistes, de les suivre et de leur permettre de créer de nouvelles œuvres, la Fondation Cartier invite à nouveau Ron Mueck dans son incroyable espace du Boulevard Raspail en 2013, huit ans plus tard.Le terme « Post Human » en art, pour définir la tendance au facsimilé humain, remonte à une première exposition en 1992 – qui a ouvert ses portes au Musée d’Art Contemporain de Pully/Lausanne (eh oui, en Suisse romande, et on en parlait à l’époque jusqu’à New York !) avant d’être présentée au Musée d’art contemporain de Castello di Rivoli à Turin et à la Deste Foundation for Contemporary Art à Athènes – dans laquelle figuraient notamment Duane Hanson, Damien Hirst, Paul McCarthy, Mike Kelley, Maurizio Cattelan, Vanessa Beecroft ou encore Matthew Barney… et un certain Martin Kippenberger (dont je vous parlais il y a quelques jours ici).
Et si Ron Mueck n’y figurait pas encore, c’est qu’il ne se consacre entièrement à son activité artistique que depuis 1996 (auparavant, il réalisait des mannequins pour la publicité et le cinéma). L’exposition partait du postulat d’une transformation radicale du rapport à la réalité du corps, voire à la vie, par les nouvelles technologies – en particulier l’informatique et le génie génétique – et étudiait son écho dans l’art. Le post-humain de Ron Mueck n’est pas un être « augmenté » – car nous sommes tous des êtres « augmentés », grâce aux prothèses, pacemaker ou lentilles de contact, qui nous rapiècent et corrigent nos défectuosités. Il reflète par contre, comme les artistes précités, la construction en cours d’une nouvelle perception du corps et de nouveaux paramètres qui définissent la vie. Le réalisme extrême de la simulation du corps humain dans l’œuvre de Mueck ne replace pas le corps humain dans son contexte réel mais dans une dimension fictionnelle – ses sculptures ne sont jamais exactement à l’échelle humaine, mais surdimensionnées ou réduites. Ses figures humaines nous renvoient à l’essence même de la vie – les différents âges, le sommeil, l’amour ou la personnalité – et de notre individualité physique, à la fois si imparfaite et si fascinante dans son imperfection…
- Carole Haensler Huguet
INFOS PRATIQUES :
RON MUECK
16 avril au 29 septembre 2013
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, BD RASPAIL, PARIS