Un bilan de santé inquiétant
Malgré un chiffre d’affaires 2012 qui stagne ou progresse pour 69% des entreprises, la situation financière actuelle des entreprises d’insertion s’avère fragile voire critique pour 62% d’entre elles. En cause : le sous-financement de la mission sociale de ces entreprises par l’Etat. « Nous avons financé notre mission sociale par le développement du chiffre d’affaires : baisse des résultats donc financement de la mission par la marge ! Mais aujourd'hui, le modèle est à bout de souffle.
2 entreprises sur 5 ont mis en place un plan de restructuration ou de redressement depuis 2011
Avec des perspectives incertaines et la stabilité de l'aide au poste depuis 10 ans, nous avons dû générer des gains de productivité pour faire face à la hausse des frais salariaux (coût du travail +39,5 % pour la même période). "Cela nous conduit à devoir réduire nos effectifs d'encadrement et donc d'accompagnement social. C'est la mort programmée de l'insertion. Nous l'aurons assez dit !", témoigne un entrepreneur de l’Isère. "Tous les coûts ont progressé, seule l’aide au poste n’a pas évoluée comme chacun le sait, nous mettant dans une situation financière plus que fragile et inconfortable", souligne un autre entrepreneur d’Aquitaine.Parmi les autres causes invoquées, les délais de paiement importants qui fragilisent la trésorerie des entreprises d’insertion, malgré la loi qui demande un règlement à 30 jours ou encore une gestion administrative de l’Etat, du département et du FSE de plus en plus contraignante et lente. 2 entreprises sur 5 ont ainsi mis en place un plan de restructuration ou de redressement depuis 2011 afin de poursuivre leur activité économique et leur mission d’insertion des personnes en difficulté.
Et des perspectives grises en 2013
L’année 2013 ne démarre pas sous de meilleurs auspices si l’on en croit les entrepreneurs interrogés. 48 % prévoient un chiffre d’affaires en stagnation et 29% en diminution pour 2013, ce qui compte-tenu de la crise ne s’annonce pas si mal. Cependant, à l’inverse des TPE et PME du secteur classique, les entreprises d’insertion s’inquiètent plus de la pérennité de leur mission d’insertion que de celle de leur activité économique. 76% jugent l’avenir de leur entreprise incertain (61%) voire inquiétant (15 %).Les attentes concernant la réforme du financement de l’insertion par l’activité économique sont donc fortes car résident en elles le dernier espoir de sauver ce modèle d’entreprise qui chaque année salarie près de 50 000 chômeurs de longue durée, de jeunes sans qualification ou de bénéficiaires de minimas sociaux. Il en va de l’avenir de ces personnes et de celui de ces entreprises !
À propos de l’auteur : Laurent Laïk est président du Comité National des Entreprises d'Insertion (CNEI).