Paroles de sots

J’ai vu hier à la télévision Jean-François Copé, et aussi je crois MM. Wauquiez, Jacob et Mariton, développer avec la même conviction l’argument pitoyable suivant : la preuve que les mesures annoncées par François Hollande suite à la fraude objet actuellement d’une enquête sont inefficaces, c’est qu’elles n’auraient pas empêché Jérôme Cahuzac de commettre cette fraude.

La première remarque que l’on peut faire, c’est que la justice n’a pas encore établi la culpabilité de l’ancien ministre du budget. La seconde, c’est que ces puits de sagesse de l’UMP manifestent une fois de plus une fâcheuse propension à confondre les faits et les hypothèses. Tout élève de cours élémentaire sait que l’emploi du conditionnel signifie qu’on se trouve en présence d’une condition et donc d’un fait qui n’est pas réalisé mais hypothétique. Si les mesures envisagées avaient été en vigueur, il est possible, voire même probable, qu’elles n’auraient pas empêché la fraude  en question mais cela n’est pas prouvé. On n’en sait rien et on n’en saura jamais rien parce que précisément elles n’existaient pas alors et que rien ne permet de préjuger pour la suite de leur efficacité ou inefficacité. Tout cela n’empêche pas ces honorables parlementaires de dénoncer l’hypocrisie du président.

Prenons deux exemples de ce qui peut arriver lorsque l’on raisonne, enfin plutôt, parle comme ces choristes. Un certain nombre de mesures sont prises pour diminuer les accidents de la circulation : aménagements du réseau routier, améliorations des véhicules, éducation des conducteurs, politique de contrôle, surveillance et répression. Si des résultats ont été obtenus, on n’arrive cependant pas à empêcher tout accident. Maître Copé jugerait donc que toutes ces mesures ne servent à rien puisqu’elles n’empêchent pas tout.

Évoquons une autre application de la jurisprudence Copé et consorts. Aucune serrure, aussi complexe qu’elle soit, ne résiste au plus talentueux des cambrioleurs. J’en conclus donc que Jean-François Copé n’a pas équipé les portes de son domicile de verrous, étant donné qu’ils ne servent à rien. Avec les mêmes certitudes, je gage qu’il ne prend pas la peine de fermer  ses portes. Peut-être même a-t-il décidé de faire l’économie de portes !