En 2012, à 29 ans, elle découvre enfin qu’avec Twitter, elle pouvait interagir avec des copains de copains de copains – voire de parfaits inconnus, le soir au détour d’un retweet sombre –, et même qu’elle pouvait rencontrer de nouveaux gens. Toujours en 2012, elle s’aperçoit que les animateurs de Oüi peuvent être ultra-comiques sur son désormais réseau social préféré et qu’ils génèrent autour d’eux une petite communauté d’auditeurs qui en apprennent davantage sur les tatouages ou les habitudes de la France entière au petit déjeuner.
Un soir de février 2013, elle écoutait innocemment Bring the Noise dans le tram en revenant de mon lieu de répétition d’orchestre, quand soudain, j’entends une chanson qui envoie bien le bois. Le nom du groupe était Gojira et la pub annonçait qu’il se produirait au Bataclan ces 9 et 10 avril. Ni une ni deux, elle dégaina Twitter en disant qu’elle s’offrirait bien un petit kif avec Gojira. Ce à quoi répondit sa nouvelle copine Nessie : Mais ouais, grave, viens ! Elle prit sa place pour le 10. En discutant en soirée avec ses copains, elle découvrit enfin qu’un pote de la Siamoise, le Flesk, s’y rendait également le 10. Joie, elle ne serait de toute façon pas seule à se faire taper sur la gueule.
Tout ça pour vous dire comment, hier soir, je me suis retrouvée au Bataclan à suivre un concert de métal, alors que la programmation que je peux fournir sur SKOUM et Cute Sounds est plutôt folk, électro et soul. Mais, comme je le twittais à Arnold hier soir qui me demandait comment se faisait-il que je me retrouvais dans un concert d’obédience métal : Tout à fait. Je suis décomplexée du métal comme du jazz grâce à la radio. Dont acte. Finalement, la soirée, je ne l’ai pas passée avec Nessie, à mon grand regret – même si je l’ai aperçue dans la fosse et que j’ai gueulé Neeeeeeesss ! Nessie ! Vanessaaaaaaaaaa ! sans qu’elle ne m’entende. Dans ce report, il y aura donc la participation du Flesk, qui m’a finalement retrouvée par hasard dans un bar avec ses collègues.
Quelles étaient les forces en présence ?
Que retiendrais-je de cette soirée ?
- J’avais complètement oublié que j’aimais le métal. Ce n’est pas par faute de croiser la route de métalleux depuis deux ans maintenant, mais je me rappelle que, petite, j’ai été formée à toute la crème du métal des années 1970 et 1980, et que je traînais avec des mecs chelous en 4e/3e et en DEUG. Comment j’avais pu oublier comment ça me faisait vibrer les ovaires pour privilégier des sons plus doux et plus matures ?
- Ah oui, je me rappelle pourquoi j’avais abandonné le métal Rock en Seine, 2009, durant le concert d’Offspring : à force de pogoter avec ma sos’, je me suis pris un gnon et j’ai pété mes lunettes. Mais au-delà de ce trauma, j’ai trente ans, j’ai une santé précaire depuis plusieurs mois, et honnêtement :
- Le métal, c’est quand même bizarre comme musique. Je serai incapable de vous chanter un seul riff de guitare de ce qui s’est passé dans toute la soirée. Aucune mélodie ne m’est restée à l’oreille. Je ne me souviens même pas de ce qui s’est passé en vérité. Mais par contre, j’ai vibré. J’ai headbangé. J’ai profité de l’instant. C’était intéressant. Comme si une boule d’énergie me traversait de part en part, que plus rien n’existe dans l’instant, et que tu reprends le cours normal après comme si rien ne s’était passé. Qu’est-ce que c’est que cette musique, bordel de bois ?
- Et juste pour la dédicace : Flesk, mais the Pelvis quoi !
Ou comment Gojira a quelque peu été le point d’orgue de tout le chamboulement que ma vie sociale parisienne connaît depuis quelques mois. Nouvelles habitudes au réveil, nouvelles habitudes au coucher, nouvelles fréquentations : et si c’était ça, ma crise de la trentaine ?