Arts d'Océanie - Vente Hans et Suzanne Greub - Juin 2007

Publié le 11 avril 2013 par Detoursdesmondes


8 juin 2007. Une vente importante se tenait à Paris chez Sotheby's puisque les collections de Hans et Suzanne Greub et celles de collections Andreas et Kathrin Lindner étaient présentées, ainsi que de très beaux objets de "divers amateurs".
Une occasion de revenir sur quelques objets océaniens, puis dans un deuxième temps sur des objets africains de ces collections.


Suzanne Greub est célèbre pour avoir créé le Centre d'art de Bâle en Janvier 1984. Sa collection d'art océanien, principalement dédiée aux oeuvres de la région du Sepik, y a été exposée en 1985 (Kunst am Sepik: Ausdruck und Ornament : Bildwerke einer alten Tropenkultur in Papua-Neuguinea).
Pour les collectionneurs océanistes, elle est aussi connue pour avoir publié en 1992 un ouvrage de référence sur les arts du Nord Ouest de la Nouvelle Guinée (Art of Northwest New Guinea: From Geelvink Bay, Humboldt Bay, and Lake Sentani)
De nombreuses oeuvres de la collection de Suzanne et Hans Greub proviennent de musées allemands et d'anciennes collections. Elles ont été achetées pour beaucoup au marchand berlinois Arthur Speyer.


Ainsi en est-il du très bel embout d'étui à chaux Iatmul en forme d’oiseau posé sur une tête de crocodile (photographie 2), ou encore de ce crochet à deux têtes Iatmul (photographie 3) qui appartenaient à Arthur Speyer. D'autres objets de la collection Greub proviennent de la galerie du marchand new-yorkais Maurice Bonnefoy qui a aussi vendu beaucoup d'oeuvres au musée de Bâle.



Parmi les oeuvres à la vente, on pouvait remarquer un ensemble de figures à crochets yipwon provenant du Haut Korewori. Ces yipwon représentent des esprits de la chasse ou de la guerre dont le corps, vu de profil, disparaît tant l'épaisseur de ces figures est mince. La cage thoracique est représentée par une série de crochets ; quant à la tête, elle est stylistiquement apparentée à la statuaire du Moyen Sepik.


Les deux yipwon présentés ici sont issus de l'ancienne collection de Maurice Bonnefoy qui s'était illustré dès 1968 avec une exposition qui av fait date à New York : The Caves of Karawari car celle dévoilait au public plus d'une centaine de figures !

On pouvait encore remarquer des boucliers mélanésiens.
Parmi eux, deux boucliers Mengen de Nouvelle-Bretagne provenaient de l’ancienne collection du Linden Museum de Stuttgart ; un autre, en provenance du Haut Sépik, fut acquis auprès du Museum für Völkerkunde de Bâle en 1973.
Rappelons quelques chiffres sur ces objets :
L'embout d'étui à chaux, estimé 35.000 €/50.000 € fut adjugé 156.000 €,
le crochet à deux têtes, estimé 20.000 €/30.000 € fut adjugé 27.600 €,
les deux yipwon présentés ici, n'ont pas eu des prix trop différents malgré des estimations, elles, très divergentes :ils ont été respectivement adjugés 81.600 € et 50.400 € (Estimations respectives : 40.000/60.000 € et 6.000/9.000 €),
enfin, le bouclier de Nouvelle Bretagne présenté ici, estimé 15.000/20.000 €, a été vendu 42.000 €.
Quant à la tête dont la photographie ouvre cette note, elle est celle d'une imposante statue féminine Iatmul (146cm), jambes écartées et mains posées sur les cuisses.
Estimée 50.000/70.000 €, elle fut adjugée pour 72.000 €.
Sur le sujet des objets de collections privées issus des réserves de musées, on pourra lire avec intérêt l'article de Gilles Bounoure :
"La question des doublons océaniens au musée de Berlin et ailleurs, d’après le livre récent de Markus Schindlbeck, Gefunden und Verloren"in Le Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 135 | 2012-2.

Photos : Catalogue de la vente © Sotheby's, 8 juin 2007.