Katie Van Loo, psychologue au Département des sciences psychologiques et neurologiques de l’Université d‘Indiana suggère que le sentiment de pouvoir est capable de prendre le dessus sur les effets insidieux des préjugés sociaux. Elle prend l’exemple des maths et cette idée stéréotypée qui consiste à dire que les femmes ne peuvent pas faire de mathématiques. Ce seul préjugé prive certaines femmes de leurs capacités. D’autres psychologues ont étudié ce phénomène du stéréotype social et ont mis en évidence son impact dans des domaines très variés, comme les compétitions sportives ou les passages d’examens.
À l’autre extrémité, le sentiment de puissance ou de capacité, qui confère un sentiment de liberté et de contrôle sur ses ressources cognitives, psychologiques et physiques et ouvre la voie à des performances optimales. C’est un facilitateur de l’action individuelle. Le chercheur –qui est une femme- a donc cherché à savoir si un sentiment de puissance pouvait préserver les femmes d’une perte de ressources cognitives dans des situations à préjugés.
C’est une série de 3 expériences.
· Dans la première, en utilisant une technique appelée amorçage sémantique, les participants ont reçu des ensembles de cinq mots dans le désordre, chacun contenant un mot lié au pouvoir (« dominant » ou « contrôle » vs « subordonné » et « dépendance ») et devaient former une phrase avec ces mots. Cette première étape avait pour objectif de mettre une partie des participantes en situation d’inconfort, comparable à celle ressentie en cas de stéréotype social. Ensuite les participants étaient soumis à un test de mathématiques dont les instructions évoquaient soit un stéréotype négatif sur les femmes et les maths soit étaient tout à fait neutres.
· La deuxième expérience consistait à rédiger une petite rédaction portant sur un incident au cours duquel les participants avaient eu ou perdu le contrôle de la situation. Puis, à nouveau le petit test de maths.
· La troisième expérience portait sur la capacité de mémoire de travail, qui permet de stocker des informations et de les analyser. Les participants devaient accomplir une tâche de mémorisation en rappelant les trois dernières lettres d’une série. Puis, à nouveau le petit test de maths.
Chaque expérience aboutit aux mêmes conclusions. Se sentir puissant, protège le sujet, en dépit des préjugés et le garde des déficits de capacité de sa mémoire de travail. Ainsi, les femmes qui se sentent et ont été évaluées comme ayant ce sentiment de capacité obtiennent de meilleurs résultats, en dépit d’ » un conditionnement » qui peut être négatif. En bref, lorsque les femmes se sentent capables, elles expriment librement leurs capacités quelle que soit la menace du stéréotype social.
Ces quelques résultats mettent en évidence les risques de l’utilisation d’échelles de performances pour évaluer les capacités de personnes appartenant à des groupes stéréotypés négativement, sans prendre en considération, à aucun moment, d’autres facteurs environnementaux qui peuvent influer sur la performance. Et se donner un sentiment de pouvoir et de confiance, avant de passer une épreuve peut contribuer à libérer ses capacités.
Source: Personality and Social Psychology Bulletin doi: 10.1177/0146167209355062 On the Experience of Feeling Powerful: Perceived Power Moderates the Effect of Stereotype Threat on Women’s Math Performance (Visuel© Jeanette Dietl – Fotolia.com)
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