« La notion de
chef-d'œuvre est sans doute impossible à comprendre isolément, abstraitement,
absolument. C'est là un premier paradoxe, puisque chaque chef-d'œuvre devrait
pouvoir se donner comme un absolu, une étoile isolée, le comble du pour soi. Mais c'est un fait que les
chefs-d'œuvre n’existent que pour un
monde. Il faut bien en effet, pour les appréhender en tant que tels, les
référer au monde, à la constellation qui les a découverts ou inventés : Ce
« monde de l’art » qui a élu nos chefs-d'œuvre et qui continue de
leur assigner une éminence, une autorité, une place toute particulière dans
l'histoire. Quelles sont cette place et cette particularité ? Où se situe donc
un chef-d'œuvre dans le monde de l'art ? Aux limites, bien sûr. Aux extrémités,
toujours. » [...]
Georges Didi-Huberman, Sur le fil,
Les Éditions de Minuit, 2013, p. 9.
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