Et dans ses veines coulait la sève - Emmanuelle CART-TANNEUR

Par Liliba

Comme bon nombre de blogueuses, je reçois souvent des demandes d’éditeurs me proposant des services de presse, mais aussi de nombreux mails d’auteurs (souvent peu connus) qui me proposent de lire leurs écrits. Si j’accepte avec gratitude les SP qui m’intéressent, je suis beaucoup plus méfiante en ce qui concerne les demandes des auteurs. Plusieurs déceptions précédentes sur des lectures qui ne m’ont pas plu, beaucoup de textes qui ne me tentent pas et la peur de me retrouver avec un roman à lire qui me barbe et dont je ne pourrais dire que du mal, ou si peu de bien… Bref, c’est donc très rarement que je réponds en acceptant de lire des écrits provenant en direct de leur auteur, cette réticence étant due également à la violence verbale ambiante qu’on rencontre bien malheureusement de plus en plus sur la blogosphère : éditeurs colériques et revanchards, auteurs bafoués, car vexés qu’on n’ait pas admiré leur ŒUVRE à leur juste valeur, amis d’auteurs totalement partiaux frisant les limites de l’insulte… Certaines d’entre vous en ont déjà fait les frais…

Pourtant, quand Emmanuelle Cart-Tanneur m’a contactée il y a quelque temps, je n’ai pas su lui résister. Il faut dire que j’avais quelques jours avant laissé un message sur son blog sur un texte que j’avais trouvé très intéressant et qu’elle se recommandait de Fabienne Rivayran, connue aussi sous son nom de blogueuse Fabeli, une nouvelliste que j’adore lire. Comme elle me l’exposait dans son long mail, nous avions également pas mal de goûts littéraires en commun. Et j’ai aimé aussi la façon franche qu’elle avait de se présenter, pas trop intrusive et au contraire même délicate, mettant son recueil de nouvelles en avant avec humour et humilité. Bref, nous avons échangé quelques mails et j’ai reçu Et dans ses veines coulait la sève qu’elle m’a offert, avec comme toujours cette petite angoisse latente : et si je trouve ça nul, il va falloir que je tourne ma langue sept fois dans ma bouche et ma souris itou pour le dire d’une manière polie et pas trop méchante… même si j’avais mis les choses bien au clair : « Une petite précision cependant : je tiens à dire que mon avis restera totalement « libre » même si vous m’offrez les romans ou nouvelles, et que si je ne les aime pas, je le dirai (poliment, bien sûr).  Il y a malheureusement eu quelques précédents sur la blogosphère avec des auteurs ou des éditeurs très susceptibles qui ont fait tout un foin parce qu’on avait osé émettre un avis négatif sur leur Œuvre et je préfère mettre les choses au point dès le départ ! Mais comme dans tout bouquin (à moins que ça ne soit la bouse de l’année, mais vos publications ne semblent pas rentrer dans cette catégorie ;-) ) il y a du positif, même quand ma lecture est mitigée, je trouve toujours un petit truc de bien à dire… (la couverture est belle, par exemple, ou le titre est sympa !!!). Bref, je préfère que ce soit clair dès le départ ! Par contre, si j’aime, vous aurez droit à plein de cœurs et à des recommandations dithyrambiques pour les copines de blog et les autres ! ».

L’auteur semblait prête à entendre une éventuelle critique :

« Je jure de ne pas me fâcher si le bouquin ne vous plaît pas
Je jure de ne pas attaquer en justice votre FAI, Canalblog et votre marque d'ordinateur
Je jure d'être patiente et de ne pas vous demander chaque matin à quelle page vous en êtes
Je jure de ne pas vous supprimer de mes amis FB même si vous ne me chroniquez pas (parce que j'aime bien l'ambiance joyeuse qui se dégage de vos posts ;-))
Bref. Le bouquin part demain, yapluka... » et j’ai donc entamé le recueil…

Et là, éblouissement, ravissement, délectation et bonheur ! Emmanuelle, vous pouvez décroiser « les doigts, les orteils, le fer, les chemins et le cœur », car je vous dis un grand Merci !

Les 17 nouvelles de ce recueil sont un petit délice de lecture et je les ai dévorées avec avidité et les relirai sans doute dans quelque temps, car il me semble avoir été trop vite pour en saisir tout le sel et me délecter du talent de cette jeune auteur (mais pourtant déjà primée à de nombreuses reprises dans des concours de nouvelles). J’ai ensuite forcé mon amie Vanessa à les lire séance tenante, et tout comme moi elle a été enthousiasmée.

L’écriture est belle, littéraire sans être ampoulée, sensible et bourrée d’humour. Et les histoires qu’elle nous livre en pâture sont à la fois toutes simples et extrêmement imaginatives, originales ou envoutantes, mélangeant le fantastique et la réalité pure (et dure) de la vie, avec des thèmes universels traitant de l’amour, de la mort, de l’amour des livres, de la famille, de la stupidité de la guerre, du mensonge ou de la vengeance, un plat qui se mange froid, mais est parfois trop froid pour être digeste, de la maladie et de la vieillesse, de trahisons… On y parle aussi d’honneur, de réconciliation, de remords qui rongent, de l’innocence de l’enfant, de familles déchirées et d’autres familles enfin réunies…

Vous découvrirez ce qu’est un « écouteur », une nouvelle avec une chute vraiment drôle, croiserez un voleur d’objets d’art bien particulier, affronterez des tempêtes, découvrirez comment on peut –ou pas- réconcilier des peuples ennemis depuis des générations, souffrirez les affres de la création du peintre, pédalerez sur un vélo magique, ou somnolerez (ou lirez) à l’ombre d’un saule pleureur… Ah oui, encore un détail : après avoir lu L’ivresse des auteurs, plus jamais vous ne prendrez le train comme avant !

Bref, le mot de la fin : procurez-vous ce recueil en vitesse ! 

Le blog de Emmanuelle Cart-Tanneur, qui chronique également ses lectures. 

Un recueil lu par Martine, et par mon amie Vanessa, grande lectrice sans blog, qui a également adoré. Françoise Guérin en parle également.

Et plusieurs nouvelles du recueil à retrouver sur l'ancien blog de l'auteur.