C’est officiel, Microsoft cessera l’an prochain le support de Windows XP et Office 2003. Dans ce contexte, certains en profitent pour proposer le logiciel libre comme sauveur des utilisateurs ainsi délaissé. Pour ma part, je pense que ce n’est vraiment pas aussi rose.
Malhonnête cette fin de support?
Microsoft l’explique clairement, si Office 2013 ne sera plus supporté c’est tout de même après un support de 10ans et la sortie de 3 versions ultérieures (2007, 2010 et 2013). Quant à Windows XP, le système d’exploitation a bénéficié d’un support de presque 14ans, un record en la matière!
Sans vouloir me faire l’avocat du diable, je ne pense pas que beaucoup d’éditeurs (libres ou non) peuvent se targuer d’en avoir fait autant. Finalement, je suis content d’avoir encore des postes sous Windows XP dans mon parc et d’avoir devant moi 1 an pour envisager le renouvellement de leur OS. Après, il est sûr que les défenseurs du libre ont souvent du mal à accepter cette idée en entreprise : la productivité l’emporte sur les idéaux (merci de m’épargner en commentaire les points godwin potentiels pour garder une vision raisonnable du problème) et dans ce contexte Microsoft reste très bon.
Pour ma part, je trouve que la démarche de Microsoft qui cesse – assez tardivement (bon, il faut reconnaître qu’ils n’ont pas trop eu le choix puisque Vista a été un flop et qu’un renouvellement massif coûte cher) – son support est loin d’être malhonnête. Si on considère l’âge de ces logiciels et les dates de sortie de Office 2007 / Windows 7 SP1 (le 1er SP étant souvent un pallier en entreprise), la majorité a réellement pu effectuer une migration sans problème vers une version ultérieure.
Le libre fait mieux en terme de support?
A la limite c’est surtout sur ce point que je trouve tendancieux de mettre en avant le libre comme alternative puisque les éditeurs open sources offrent rarement un support aussi long. Le support d’une LTS d’Ubuntu est de 5ans pour 10ans pour une Red Hat. Autant se dire que si Microsoft limite à 10ans son support, il ne fait pas pire que sa concurrence open-source, alors avec un support de 14ans…
Pour LibreOffice ou OpenOffice (concurrents directs et libres de Microsoft), c’est plus vague. Du moins l’information est moins accessible (traduire par je n’ai pas su la trouver et 10minutes pour trouver une info simple, c’est trop). Il semblerait que l’on soit plus sur un support sur 6mois avec une sortie de micro-releases tous les 3-5semaines.
Je sais pas pour vous mais pour moi, en terme d’administration et gestion, une mise à jour tous les deux mois ça signifie cauchemar. Je m’égare peut-être et mettrai volontiers à jour cet article si des personnes avisées pouvaient m’éclairer mais je pense que cette politique de support est particulièrement difficile en entreprise (même si je reconnais son avantage de rapidité de mises à jour des bugs et évolutions demandées).
Le libre comme alternative de renouvellement, encore que…
Par contre, là où éventuellement le libre peut devenir une alternative viable c’est dans le renouvellement qu’implique cette fin de support. Je m’explique : une licence Microsoft Windows coûte en moyenne aux entreprises 100€/PC et Office 150€/PC. Faisant prévaloir la politique open-source, les éditeurs libres peuvent effectivement faire valoir le gain financier que peut apporter le renouvelement des licences OS+suite bureautique par un ensemble libre. Par exemple, les couples Ubuntu + LibreOffice ou Linux Mint+LibreOffice sont tout à fait exploitables en entreprise
Il reste toujours que la problématique formation des utilisateurs signifie lenteurs et coût. Celle-ci peut donc rebuter bien des acteurs professionnels. Toutefois, la tendance générale constaté en entreprise est une maîtrise superficiel du système (accès aux fichiers et aux applications) et une utilisation plus poussée de Microsoft Office. Aussi, je pense que la possibilité d’utiliser GNU/Linux comme système d’exploitation est plus simple à proposer que celle de se passer de Microsoft Office.
L’idée se ferait simplement et à peu de frais de plusieurs façons possibles (je ne parle volontairement pas de la possibilité réécrire ses softs en multiplate-forme) :
- utilisation d’un serveur de type Terminal Server ou de virtualisation d’application
- utilisation de Microsoft Office sous Linux
Dans le premier cas, la partie logicielle n’est plus un problème puisque la solution permet l’utilisation des applications en se départissant de l’OS. C’est surtout pour la seconde solution que ça se corse. Alors, c’est vrai que l’on peut d’ors et déjà utiliser Office 2010 sous Linux grâce à Play on Linux. Pour ma part, c’est ce que je fais depuis maintenant 2moissur ma Linux Mint et cela fonctionne très bien. Toutefois, c’est très loin d’être pro.
Les rumeurs lancées en début d’année par Microsoft deviennent alors très intéressant puisque la firme laissait penser qu’elle réfléchissait à porter Office sous Linux. Je sais que la nouvelle peine les plus fermes défenseurs du libre ou les développeurs de LibreOffice mais je la vois d’un très bon œil.
Pour beaucoup, l’open source a été découvert grâce à des initiatives libres sous Windows, je pense par exemple à l’excellent VLC. Beaucoup d’autres se refuse à passer sous GNU/Linux pour ne pas perdre leur applications préférées. Steam a récemment sauté le pas provoquant un engouement pour le système Linux. Je reste persuadé que si la suite Office de Microsoft était aussi disponible sous Linux, beaucoup de ceux qui hésitaient cesseraient de le faire!
Enfin, ce sont des idées et nous sommes encore très loin de réussir les pro-libres et les autres à s’entendre pour atteindre un tel résultat…