C’est la Divina, le navire de la compagnie MSC qui a ouvert le bal des monstres.
Pour mémoire, rappelons que la commune de Venise est fermement opposée au passage das bateaux dans la lagune en raison des dégâts qu’ils provoquent, mais le port de Venise, et les eaux du canal de la Giudecca ainsi que le bassin de San Marco sont du ressort de l’État italien qui, en ces temps difficile, ne souhaite pas renoncer à la manne financière que représentent les taxes portuaires perçues… et probablement d’autre raisons mystérieuses … et en attendant, ce sont les vénitiens qui, en plus, payent.
Le 23 mars, donc, toutes celles et ceux qui se sentaient concernés par ce dramatique problème (la disparition pure et simple de Venise est le risque à moyen terme qu’engendre le passage de ces navires), étaient invités à se retrouver à la Sacca Fisola (l’île tout au nord de la Giudecca – dernier arrêt de vaporetto) a partir de 16:00 heures.
Nous avions relayé cet appel dans notre article : Faisons la fête à la Divina !
Tout a commencé donc, par un bon repas, suivi d’un débat :
Puis, avant le départ du monstrueux navire, les manifestants se sont regroupé à la pointe de l’île, juste en face du port.
La bête a commencé à bouger. Crachant un épais nuage de fumée noire malodorante, le navire a commencé sa manœuvre de recul pour s’éloigner du quai, puis s’est engagé vers le canal de la Giudecca.
Et il a été vigoureusement et bruyamment salué par les vénitiens à son passage devant la pointe de la Sacca Fisola.
Nos lectrices et lecteurs seront probablement de lire l’article de notre ami Claudio qui a vécu la manifestation en direct live pour vous :
Vous pouvez également retrouver de nombreux articles dans la presse :
Et pendant ce temps…
Les quais du canal de la Guidecca, qui avaient été récemment restaurés tombent en ruine dans l’eau. Toute la partie qui relie la Punta della Dogana, aux Incurabili et à San Basilio n’est plus que trous, pierre d’Istrie disparues et dévastations. L’eau s’infiltre partout, des fissures grosses comme le doigt sont apparues. Pourtant, les travaux de restauration avaient largement fait appel à du béton pour lutter contre le pression provoquée par les gros navires qui empruntent le canal, mais de vastes grottes souterraines se sont désormais formées qui sapent les fondations de tout ce secteur de Venise.
Massimo Bertoldero, le directeur régional pour le compagnie MSC a rappelé qu’il respectera toute décision qui lui sera imposée (peut-être parce qu’il sait que jamais rien ne lui sera imposé ?). Pour la compagnie, basée fiscalement en Suisse, Venise est trop important, comme le tourisme maritime est trop important pour Venise (Stiamo facendo tutto quello che ci chiedono e rispetteremo ogni decisione perché Venezia è per noi troppo importante, come il settore crocieristico è troppo importante per Venezia). Si c’est lui qui le dit…
D’autres part, nous avons appris que le ville de Venise a conclu le 22 Mars 2013 un accord présenté comme un immense progrès écologique. Cet accord volontaire entre les institutions locales et les sociétés de navires de croisière représentée par l’Association internationale CLIA, porte sur l’utilisation de combustibles moins polluants de l’entrée de la bouche du port et dans la lagune de Venise.
L’accord, appelé Venice Blue Flag II (Venise Pavillon Bleu II), engage les compagnies de navigation pour faire fonctionner les machines principales et des navires auxiliaires de combustibles marins dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,1%. Soit 100 fois supérieur à la norme fixée par l’Europe pour les véhicules à moteur diesel, c’est-à dire : 0,001 pour cent de soufre !
C’est ce que les politiques appellent un grand pas en avant.
Le Comitato No Grandi Navi envisage de mener un certain nombre d’actions au niveau intenational :
- Avant les 8 et 9 juin 2013 des réunions publiques et des séminaires suivis d’une journée nationale de lutte contre les grands travaux.
- En Septembre / Octobre 2013 organiser à Venise une conférence internationale sur les problèmes liés à la circulation maritime et le commerce des croisières.
Enfin, la cerise sur le gâteau en ce printemps des croisiéristes, le plus gros monstre jamais construit, la MSC Fantasia est arrivé le 6 avril à Venise… comme pour contredire les propos de Massimo Bertoldero, et prouver au monde entier que rien ni personne n’entravera les activités de ce croisiériste dans la lagune.
Les groupes (comités, associations, mouvements) que cette problématique interpelle peuvent les contacter de notre part.
Pour suivre l’actualité de la lutte des vénitiens contre ce fléau, voir le site du Comitato No Grandi Navi.