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Rencontre avec Mickaëlle Bizet, une actrice Martiniquaise aux multiples casquettes !

Publié le 10 avril 2013 par Latchipie @Tchiiipleblog
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Mickaëlle Bizet

La Tchipie : La vie est faite de belles surprises ! Nous t’avons découverte dans la webserie américaine « the number », de Black and sexy TV, dans un rôle court, drôle et coquin… d’une martiniquaise qui sait ce qu’elle veut au lit. Alors, sans langue de bois, pour toi, la femme antillaise et sa sexualité : complètement libérée dans ses exigences ? ou à encore une belle part de liberté sexuelle à acquérir ?

Mickaëlle Bizet: Je ne suis pas sûre de pouvoir parler pour la femme antillaise en général. Par contre en ce qui concerne les femmes antillaises que je connais et avec qui j’ai (ou ai eu) des conversations au sujet du sex, ou autre, je dirais ceci: elles sont très fortes de caractère, elle savent ce qu’elles veulent, et elles n’ont pas peur de le dire. Ça ne veut pas dire qu’elles sont agressives, je préfère employer l’adjectif « assertives ». De nos jours, les femmes en général prennent beaucoup plus le contrôle des rênes de leur vie en général, et c’est tant mieux! Grand merci à toutes les femmes qui sont venues avant nous et qui se sont battues pour nous!

 

La Tchipie : D’ailleurs à ce propos : quel conseil donnerais-tu aux femmes pour qu’elles vivent mieux leur sexualité ?

Mickaëlle Bizet : Je pense que pour vivre mieux sa sexualité, il faut tout d’abord savoir ce que l’on veut, ce que l’on aime, et qui on est par essence; il faut se connaître soi-même. C’est comme pour tout dans la vie. Si tu sais ce que tu veux et que tu alignes tes désirs avec ce que tu es au plus profond de toi, tu deviens beaucoup plus efficace, productif, et heureux. Ensuite, un niveau de confiance en soi au dessus de la moyenne est plus que nécessaire, je dirai même vital. Il faut être tellement à l’aise dans tes baskets parce que si tu es au lit avec un mec et que tu sens qu’il ne va pas te satisfaire, qu’il est là juste pour son orgasme à lui sans même se demander ce qui te ferait du bien à toi, tu n’as pas honte ou peur de lui faire savoir que ça ne marche pas pour toi. Et si le gars s’en fou et ne prend pas ton plaisir en considération, et bien bye bye mec! Ok?!

La Tchipie : Revenons-en à l’essentiel : tu es actrice, tu as enseigné, tu es martiniquaise, tu vis aux Etats-Unis… Tout un programme ! Chère Mickaëlle, comment ta grande aventure a-telle commencé?

Mickaëlle Bizet : Oh la la la, c’est super long mon histoire! Il nous faudrait plus qu’une interview! Un film ou un livre sur ma vie peut-être. Oh, ou encore mieux, un livre qui deviendrait un film… ou une série télé, ha ha ha

Bref, en résumé (et pour la première partie): je suis née au Lorrain, en Martinique. J’ai grandi en région parisienne, et j’ai atterri aux USA en tant que fille au pair. J’ai vécu dans une famille Bostonienne qui fait toujours partie de ma vie d’ailleurs, pendant des années. Bien que la raison officielle de ma venue aux States c’était pour parfaire mon anglais, je me rend bien compte maintenant que j’ai toujours su que j’habiterais aux États-Unis, que j’y ferais ma vie; bon, mon âme le savait, mon esprit. J’ai enseigné en lycée mais j’ai toujours su que le cinéma était mon amoureux, le vrai, alors j’ai enfin pris mon courage à deux mains et j’ai déménagé à Los Angeles il y a trois ans. J’adore LA!

La Tchipie : Et l’équipe de « the number »? Comment l’as-tu rencontrée ?

Mickaëlle Bizet : Ma rencontre avec l’équipe de The Number et Black&SexyTV était 100% virtuelle. J’adore leur web séries alors je les ai contacté. Quelques mois après ils m’ont demandé si je voulais être dans The Number. J’étais super contente!

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Mickaëlle Bizet

La Tchipie : As-tu toujours rêvé d’une carrière artistique ?

Mickaëlle Bizet : TOUJOURS!! Très souvent les acteurs ou une histoire pour expliquer le moment où ils ont décidé ou se sont rendu compte qu’ils voulaient être acteur mais moi non. Ce n’était pas en voyant tel ou tel film ou en regardant tel ou tel comédien/comédienne. J’ai toujours, toujours eu cette envie, ce désir. Le monde du spectacle, la danse, le chant, l’audiovisuel, les médias, mais surtout le cinéma a toujours murmuré mon nom dans mon oreille, dans mon coeur, et des fois le cinéma hurlait mon nom, il le fait toujours d’ailleurs. Je ne comprends pas ce désir à 100% et puis je ne cherche plus à le comprendre. L’endroit où je me sens le plus chez moi, c’est sur un tournage. J’adore les tournages, j’adore tout. Il y a tellement de maillons dans la chaîne d’un tournage, de la création d’un film. Des fois il y a tellement de monde qui travaille sur un tournage, toute l’équipe, tellement de matos, tout l’équipement, j’adore TOUT! C’est un vrai petit monde à l’intérieur du monde, et ce petit monde se crée, vit ensemble, coopère pour créer le monde que l’on voit sur l’écran pour nous raconter l’histoire du monde en fait. C’est trop beau. Le cinéma c’est un « storyteller », un conteur d’histoire, un grillot. C’est vraiment trop beau.

La Tchipie : Quels sont tes projets actuels tant à l’international qu’aux antilles ? Des webseries en projet ? Et j’ai envie de me risquer à demander : « sous-titrées en français » ? (sourire)

Mickaëlle Bizet : Je dois tourner un deuxième épisode (minimum) pour The Number et j’ai vraiment hâte parce que j’aime beaucoup ce que l’équipe de Black&SexyTV est en train d’accomplir. Je suis dans une autre nouvelle websérie qui s’appelle Involuntarily Single. Elle n’est pas encore très populaire mais ça ne serait tardée. Dans Involuntarily Single je joue le rôle d’un top model qui avec un exceptionel pédigré educationel. Elle s’appelle Mimi, elle est belle ET intelligente. On a tourné 4 épisodes et je viens de recevoir les scénarios pour les deux derniers épisodes de la première saison, épisodes 5 et 6. Pour l’instant Mimi est francophone d’origine africaine, elle est de l’Afrique de l’ouest, mais comme ça n’a pas encore établi dans les épisodes précédents, je vais essayer de faire en sorte que Mimi soit Martiniquaise, comme j’ai fait avec mon personage dans The Number (à l’origine Ms. Lafontaine, la prof de français martiniquaise, s’appelait Vonshae et était américaine. C’est quand le metteur en scène m’a demandé d’improviser en français que j’ai eu la présence d’esprit de me déclarer martiniquaise, française! Ha ha ha ha, ça a marché! Ils ont changé son nom et son background au montage.) Ok, quoi d’autre? Ah oui, j’ai produit toute seule comme une grande le premier épisode de « Micko En Amérique, Chroniques d’un Franricaine ». La première édition, je l’ai auto-filmée, auto-produite, je l’ai montée moi-même etc… bien que il n’y a pas encore beaucoup de vue, je suis SUPER contente d’avoir fait en sorte que cette idée qui me trottait dans la tête soit devenue une réalité. Il y a beaucoup de travail à faire avant que cette chronique vidéo soit ce que je veux qu’elle soit mais au moins, la première édition est faite.

Après une interview que j’ai faite pour le online magazine Black’In, j’ai découvert un metteur en scène afro-européen qui s’appelle Maxwell Cadevall et qui habite à Paris. Il a écrit, produit, et réalisé une comédie romantique qui s’appelle Jeu De Couples et j’aimerais beaucoup, beaucoup travaillé avec lui dès que possible. Je l’ai contacté et en ce moment il prépare son deuxième long métrage Jeu de Dames. Il y a un personnage qui me parle beaucoup dans cette histoire donc… à suivre…

En ce qui concerne des projets aux Antilles, ce serait génial de bosser sur quelque chose là-bas. Je vais en Martinique au mois de juin, je suis sûre qu’il y a quelques graines artistiques et créatives à planter quelque part.

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Mickaëlle Bizet

La Tchipie : On sait que la carrière d’artiste est dure. Quels ont été les moments d’incertitudes dans ton parcours et comment les as-tu surmontés?

Mickaëlle Bizet : Mes moments d’incertitudes n’étaient pas vraiment les miens. Au début, quand j’étais petite, même ado, je ne pensais pas « oh, c’est dure, c’est pas possible, y’a pas vraiment de place, de roles pour les acteurs noirs en France, etc… ». Tout ce que je savais c’est que je voulais être actrice et que j’allais être actrice un jour ou l’autre, point final. J’essaie de ne pas m’arrêter trop longtemps sur les aspects négatifs et ne pas me noyer dedans. C’est pas toujours facile mais je préfère passer mon temps à y croire et faire les démarches nécessaires à l’accomplissement de mes rêves que de mettre mon énergie dans les raisons pour lesquelles ceci ou cela n’arrivera pas. Je veux me concentrer sur ce que je veux et PAS sur ce que je ne veux pas.

La Tchipie : Les antillais viennent d’une culture où les contes et autres histoires, de kompè lapin au yékri yékra, sont fondements nourriciers de notre imaginaire collectif. Nous avons beaucoup d’écrivains, de musiciens… mais… peu de figures oeuvrant dans le cinéma, dans la réalisation cinématographique. Au-delà de la difficulté du parcours, penses-tu que les antillais fuient ce secteur ?

Mickaëlle Bizet : « Les antillais fuient ce secteur »? Hmmmm, je ne suis pas sûre. En plus je ne peux pas trop parler parce que j’habite aux États-Unis depuis tellement longtemps que j’ai l’impression que pendant des années j’étais dans un tourbillon américain. C’est seulement récemment que j’ai recommencé à faire un effort conscient de me reconnecter avec les Antilles et la France aussi d’ailleurs. Donc je ne suis pas super au courant de ce qu’il se passe mais je m’instruit au mieux. Et comme je te disais, j’ai fait une interview pour Black’In il y a quelques semaines, et sur leur site j’ai découvert un metteur en scène que je veux suivre de très parce que j’adore comment il pense, sa détermination, et ses ambitions. Je sens qu’on est sur la même longueur d’ondes. Je suis hyper excitée (oui EXCITÉE!) de ce dont il parle, ses désirs, ses projets etc… j’ai vu son interview vidéo, j’ai lu l’article et oh la la la la, mon coeur a commencé à battre, j’ai eu ce fort désir de collaborer, de le contacter, de juste lui faire un coucou et lui dire « ok, je te vois » quoi, tu vois ce que je veux dire? Je le répète parce que je pense que ce gars est une force qui monte: il s’appelle Maxwell A. Cadevall, rappelez-vous de ce nom! Il a réalisé un long métrage qui s’appelle Jeu de Couples avec une majorité d’acteurs noirs! C’est pas génial ça??? Un peu comme un Typer Perry français en herbes! Ah, il était temps.

Les choses changent. Omar Sy a un César, et Maxwell fait des longs métrages avec que des renois pratiquement! Je pense que plus on verra des gens qui nous ressemblent et qui parlent notre language culturel aussi bien au ciné qu’à la télé (ou ailleurs) plus on sentira qu’affronter une carrière cinématographique est chose possible. Je me souviens quand en France ma scène (dans une pub) a été coupée au montage parce qu’il y avait déjà un autre noir dans la même pub et il ne fallait pas dépasser les quotas. Maintenant, y’a France.Ô, Aïssa Maïga, Omar Sy et son César (et qui maintenant va être dans X-Men: Days of Future Past!!!), Maxwell Cadevall, etc… Bon, petit à petit l’oiseau fait son nid…

La Tchipie : Quelles sont les figures cinématographiques qui t’inspirent et surtout, pourquoi?

Mickaëlle Bizet : Aux States, Tyler Perry m’inspire parce que le mec vient de rien, il en a bavé et maintenant il a ses propres studios de ciné à Atlanta, et il écrit, produit, réalise des films qui peignent la vie des noirs, et qui font de très bonnes recettes en plus! Will Smith aussi, je l’admire en tant qu’être humain, j’adore comment il pense, sa philosophie sur la vie. Je l’appelle The President of Black Hollywood. Si tu vas sur imdbPro tu peux voir tous les projects qu’il a en développement, il BOSSE! Luc Besson m’inspire aussi, il a la recette pour faire des bons films qui sentent comme la France ET les États-Unis en même temps. Ses films sont des films français avec un flaire américain.

Euzhan Palcy, oh la la, La Rue Case Nègre, un gros bijoux de notre histoire et de notre histoire cinématographique. Et elle a gagné un César! Je ne sais pas si vous le savez mais elle est la première femme noire à avoir réalisé un long métrage pour un gros studio américain, A Dry White Season. C’est énorme! Et Greg Germain, vous connaissez Greg Germain? C’est un acteur guadeloupéen. Il était l’acteur principal d’une série télé à la fin des années 70, Médecins de Nuit. Un acteur noir, star d’une série télé dans les années 70, ça sonne bizarre et irréel, non??? Mais, putain, c’est VRAI! Googlez-le, vous verrez. Il a fondé CINÉDOM+ (en autre). Greg Germain c’est une légende pour moi.

La Tchipie : Quel est le rôle t’as le plus nourri par le passé et quel est celui que tu souhaiterais incarner dans le futur?

Mickaëlle Bizet : Dans le passé, pour l’instant, mon rôle préféré (et c’est un peu bizarre de dire ça parce que c’était une criminelle) c’est Veronica Deramous. Ce rôle était TROP bien! Un rôle a deux facettes complètement différentes, j’étais trop, mais alors, TROP heureuse quand je l’ai eu. Veronica Deramous est une femme américaine qui a kidnappé une jeune femme enceinte de neuf mois, Teka Adams, l’a prise en hôtage, et a essayé de lui voler son enfant directement de son ventre, chez elle, sans anesthésie. Teka s’est échappé avec son ventre ouvert, quel courage! Les docteurs ont réussi à la sauver et son bébé aussi, quel miracle. Veronica Deramous est en prison. C’était deux rôles en un parce que Veronica s’est présentée à Teka en tant que Stephanie Mills, une assistante sociale qui voulait l’aider. Quand j’ai tourné l’épisode pour cette série-documentaire Will To Live (pour TvOne une chaine afro-américaine), je passais une période très difficile du côté émotionel et psychologique et ce rôle m’a aidé à purger mes émotions d’une certaine manière.

Dans le futur, Will Smith a un film en développement depuis 2008, The Last Pharaoh, et…. tout pharaon a une reine, non? Oui, moi! Moi! Moi! ha ha ha!

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Mickaëlle Bizet

La Tchipie : Le dernier film où ton coeur a fait « boum ! » (un boum agréable – sourire -)

Mickaëlle Bizet : C’est pas un film, mais un livre qui me vient tout de suite à l’esprit. « Les Quatre Accords Toltèques, La voie de la liberté personnelle » de Don Miguel Ruiz. Le premier accord: que votre parole soit impeccable; le deuxième accord: quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle; le troisième accord: ne faites pas de suppositions; le quatrième accord: faites toujours de votre mieux. J’avais une copie en anglais que j’avais acheté il y a des années mais je l’ai prêtée à quelqu’un qui ne me l’a jamais rendue. Je comprends, ce bouquin est génial! Il y a trois ans ma mère m’a envoyé une copie française sans même savoir que j’adorais ce livre et que j’avais besoin d’une nouvelle copie! Merci maman! ha ha ha

La Tchipie : Si tu devais donner un conseil à ceux qui souhaitent se lancer comme tu l’as fait, quel serait-il ?

Mickaëlle Bizet : Prendre des cours, s’entrainer chez soi avec les scénarios de films, faire des recherches, être proactif, c’est important. Vouloir, c’est bien, avoir des rêves c’est vital, mais sans la foi, le travail, les actions inspirées, tout ça c’est rien. Il faut s’investir personnellement. Et je pense qu’il ne faut pas écouter les gens négatifs, les gens qui essaient de briser vos rêves. Do what you do, and don’t worry about the naysayers.

La Tchipie : Et si tu devais donner un conseil, aux femmes, une pensée positive?

Mickaëlle Bizet : « Who rule the world?? GIRLS!!! » ha ha ha, les filles, n’oubliez pas qu’il y a beaucoup de femmes avant nous qui en ont bavé grave pour que nous ayons le choix de tout! On n’est pas obligé de se marier, on n’est pas obligé d’avoir des enfants, on n’est pas obligé de rester à la maison faire la popote bla bla bla, tout ça c’est des CHOIX maintenant. Believe in yourself. Concentrez-vous sur ce que vous voulez et non sur ce que vous ne voulez pas. Tout est possible.


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