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Africapitalisme et futur de l'Afrique

Publié le 10 avril 2013 par Unmondelibre
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L’Afrique a fait la charité pendant trop longtemps. L’histoire traditionnelle à son propos a été celle d’un continent si pauvre qu’il ne peut pas par lui-même se libérer du carcan de la pauvreté, celle d’un continent frappé par la peste de la corruption et de situations économiques dramatiques. La solution habituelle à ce bourbier, colportée par nos gouvernements à la communauté internationale a été celle de l’aide étrangère. Dans un Policy brief du Bureau du Conseiller Spécial pour l’Afrique aux Nations Unies (OSAA) et de l’Initiative NEPAD-OCDE sur l’investissement en Afrique pour les décideurs africains et leurs partenaires de développement on peut lire : « L’Afrique reçoit environ 36% de l’aide mondiale totale, plus que toute autre partie du monde ». Au cours des quatre dernières décennies, l’aide à l’Afrique a quadruplé, passant de près de 11 milliards à 44 milliards de dollars, avec une augmentation nette de près de 10 milliards de dollars au cours de la période 2005 - 2008 seulement. Nos gouvernements ont tendu la sébile de l’Afrique, passant d’un pays développé à l’autre comme un pauvre demandant l’aumône. En tant qu’africain qui aime son continent, je trouve cela ignoble et déshumanisant.

Malheureusement, ce récit-là n’a relaté qu’un côté de l’histoire. Dans une conférence TED en 2009 l’écrivain nigérian Chimamanda Adichie expliquait la catastrophe d’une « histoire unique », une histoire d’autant plus catastrophique lorsque les gouvernements africains sont les conteurs. Je considère que notre histoire, notre identité en tant qu’africains, n’est pas en sécurité entre les mains de bureaucrates globe-trotters et préfère me tourner vers la nouvelle génération d’intellectuels africains que l’économiste ghanéen George Ayittey appelle « la génération guépard ». Beaucoup de ces « guépards » sont de jeunes Africains qui ne sont pas satisfaits du statu quo et sont prêts à raconter une autre version de l’histoire : leur histoire. Ces gens-là voient l’entreprenariat et l’innovation comme des moyens de réussite pour l’Afrique, soit un changement radical par rapport au paradigme de la centralisation et du contrôle étatique, qui a été la norme depuis trop longtemps. Ils racontent leur histoire de l’Afrique, celle d’une réussite économique, soulignant l’importance de l’entreprise privée et du capitalisme dans la réalisation de la croissance économique. Ces Africains créent des entreprises et lancent des groupes d’étudiants défendant une vision dans laquelle le capitalisme est une alternative viable au contrôle de l’État, insistant sur la capacité du marché à tirer des millions de gens de la pauvreté. Voilà à qui je peux faire confiance pour raconter notre histoire.

Depuis 2010, l’entrepreneur nigérian Tony Elumelu a raconté son histoire : celle d’une Afrique ayant le potentiel pour répondre à ses défis économiques et sociaux récurrents par l’entreprise privée et l’entrepreneuriat plutôt que par l’aide ou la charité inter-étatique. Il fait la promotion de ce qu’il appelle l’Africapitalisme. Selon lui, « alors que l’entreprise privée et l’esprit d’entreprise prennent racine en Afrique, ils démontrent leur capacité à résoudre les problèmes sociaux. C’est un départ radical par rapport à l’ancien modèle d’États centralisés gérant des industries primaires, avec, en complément, l’aide étrangère et la charité ». Dans son manifeste, Africapitalism: The Path to Economic Prosperity and Social Wealth (Africapitalism : La voie de la prospérité économique et de la richesse sociale), il défend sans équivoque l’entreprise privée et le capitalisme, encourageant « les investissements de long terme qui créent de la richesse qui aident à bâtir des ‘communautés’ et créent des opportunités pour sortir de l’extrême pauvreté ». Il plaide pour des solutions de marché pour résoudre les problèmes sociaux de l’Afrique et promeut le capitalisme en tant qu’approche pour « reconstruire l’Afrique et en faire une ‘marque’, comme terre d’investissement, d’innovation et d’esprit d’entreprise ». Je suis d’accord avec lui sur ce point et pense que cette approche de stratégie de marque pour l’ Afrique est plus utile que n’importe quelle campagne étatique. À côté du travail de Tony Elumelu, des organisations comme AfricanLiberty.org ainsi que d’autres innombrables organisations et individus prêtent leurs voix à la promotion du capitalisme en Afrique. Je suis optimiste quant à l’avenir du continent.

Olumayowa Okediran est membre du conseil exécutif de Students For Liberty International. Le 10 avril 2013. Une tribune publiée originellement en anglais sur AfricanLiberty.org.


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