Trois salariés des Fonderies du Poitou, de Coop Atlantique et de Safran Snecma témoignent des conséquences de l'adoption par les députés de l'accord national interprofessionnel sur l'emploi. Flexibilité, salariés pressurés et variables d'ajustement pour tout le monde.
«On refuse la flexibilité à outrance», Patrice
Mochon, Fonderie du Poitou Saint-Jean Industries
«À la Fonderie, suite à nos luttes, nous avons repris le travail. La flexibilité s’organise avec le chômage partiel. Mais nous n’accepterons pas la flexibilité à outrance telle que la prévoit l’ANI. Comme tout le monde j’ai voté Hollande, je ne suis pas déçu parce que je n’attendais rien. Cependant, on en arrive presque à ce qu’il fasse pire que Sarkozy. Pourtant, dans notre secteur, l’industrie automobile, l’État, grâce à sa participation dans Renault par exemple, peut imposer qu’une partie de la production soit fabriquée ici. Si les voitures sont chères ce n’est pas dû aux salaires mais aux actionnaires qui s’en mettent de plus en plus dans les poches.»
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«La direction nous pousse à signer le PSE», Christophe
Triphose, délégué CGT
Coop Atlantique
«L’ANI, pour nous, est vraiment problématique. La direction essaie
de nous inciter à signer rapidement
un plan de sauvegarde de l’emploi
tant que nous sommes sous l’effet
de l’ancienne loi parce que, si l’ANI passe avant que le PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi – NDLR)
ne soit signé, il nous faudra repartir
sur cette nouvelle base. Vu sous
cet angle, cela pourrait paraître
tentant mais signer est exclu.
Ils affirment qu’on coûte cher, notamment sur les coûts de transports, et justifient ainsi le transfert de nos activités à Prahecq, près de Niort.
Or notre projet alternatif qui propose le maintien de notre site d’Ingrandes démontre le contraire.»
«On nous presse, nous oppresse», Jean-Pierre Filleule, syndicaliste CGT Safran Snecma.
« Aujourd’hui, on subit déjà la mise
en place de la flexibilité. Les salariés doivent se plier, quels que soient
les impératifs, à la charge de travail,
pour l’instant sous couvert
de volontariat. Dans une entreprise comme la nôtre, où il y a des perspectives intéressantes, des remontées
de dividendes, on appâte les salariés financièrement. La politique salariale est détournée avec des primes. On nous demande aussi une présence de 30 % des effectifs pendant les jours fériés. L’ANI va bien sûr renforcer ce système. La variable sera plus que jamais le salarié. On nous presse sans arrêt, on nous oppresse même. Un gouvernement de gauche devrait donner des pouvoirs propres aux instances du personnel. »