Samedi dernier se tenait la conférence « Entrepreneuriat : comment libérer les talents et les compétences en France ? », organisée par le forum libéral européen et le mouvement Alternative Libérale. En invité d’honneur, Sir Graham Watson, président de l’ALDE – Alliance of Liberals and Democrats for Europe. À cette occasion, Contrepoints l’a rencontré pour lui demander ce qu’il pensait du fonctionnement des institutions et des politiques européennes. L’Europe est-elle nécessaire ou nuisible ? Voici le résumé de l'entretien.
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Par PLG, pour Contrepoints
Sir Graham commence par répondre aux accusations récurrentes portant sur le supposé « ultralibéralisme de la Commission ». Selon lui, il n'y a pas d'idéologie européenne en soi, elle n'est que la résultante des consensus nés des positions de 27 sept chefs d’États européens. De plus ses positions globalement anti immigrationnistes récentes la placent plutôt du côté des conservateurs. Le fait que beaucoup de Français considèrent l'Europe comme ultralibérale viendrait du fait que les politiques français « cherchent constamment un bouc émissaire. Le libéralisme, c'est mal ; la commission européenne et libérale donc l'Europe c'est mal ».
Le président de l’ALDE fait ensuite l'éloge de Jacques Delors qui était, à défaut d'être libéral, « un visionnaire ». En revanche, José Manuel Barroso ne fait « pas le poids », son second mandat étant jugé décevant.
Quant au manque de couverture médiatique des travaux de la commission, celui-ci est considéré comme globalement nuisible. Mais il s'explique en partie par le mode d'élection retenu. Les députés européens en France sont choisis sur une liste nationale ; les têtes d'affiche sont des personnalités politiques déjà connues, qui ont généralement une carrière nationale, et voient l'Europe davantage comme une punition que comme un lieu d'action. Élire le président du conseil de l'Europe au suffrage universel direct est ainsi une des propositions phares de l’ALDE.
Sur le plan économique, Sir Graham Watson prône des politiques héritées des travaux des théoriciens de la croissance endogène, qui considèrent que le rôle de l'État est de bâtir des institutions favorables à la croissance, via notamment des politiques d'investissement dans les infrastructures de transport, d'énergie, et d'éducation. « Je préfère favoriser des politiques d'éducation que des politiques de santé ».
Vient ensuite la question de l'euro. Sur ce point, Sir Watson considère que « sans l’euro, les économies européennes auraient été dévastées ». Grâce à l'action saluée de Jean-Claude Trichet, les marchés européens ont évité l'effondrement.
La PAC, qui repose sur le principe de préférence communautaire est vue comme un élément de réponse nécessaire aux nouvelles demandes des consommateurs liées en particulier à l'impératif de sécurité alimentaire. La PAC permet une harmonisation des législations qui améliorent l'information et la traçabilité.
Ensuite est posée la question de la création d'une armée européenne. Sir Graham regrette l'échec de la CED (communauté européenne de défense) en 1954. Si elle avait été votée, « la construction européenne serait aujourd'hui bien plus avancée ». Il considère que le seul avenir possible est une armée européenne dans laquelle se fondraient les différentes armées nationales. Les budgets agrégés des pays membres représentent la moitié des dépenses des États-Unis, pour une efficacité « 10 fois moindre ».
En guise de conclusion, Sir Graham affirme que « le champ des libertés a globalement augmenté grâce à l'Europe ». Il s'alarme cependant des dérives récentes de la commission, qui tend à céder du terrain face « aux démocrates-chrétiens et aux nouveaux mouvements nationalistes qui émergent dans de nombreux États-membres ».
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