Radio-chimiothérapie à base de mitomycine ou de cisplatine avec ou sans chimiothérapie d’entretien pour le traitement d’un carcinome épidermoïde de l’anus (ACT II): un essai factoriel 2x2 de phase 3 ouvert et randomisé

Publié le 10 avril 2013 par Tartempion77 @NZarjevski

Cancer de l'anus. Comparatif sur une même coupe des isodoses en radiothérapie externe tridimensionnelle (RTC) et radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité (RCMI). A: RTCph RTC: coupe transversale; B: RCMI: canal anal coupe transversale; C: RTC: coupe frontale; D: RTC: coupe sagittale; E: RCMI: canal anal coupe frontale; F: RCMI: canal anal coupe sagittale. In Cancer Radiothérapie Volume 15, Issue 6-7, Pages 549 - 554
Source iconographique et légendaire: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1278321811003854


La radio-chimiothérapie est devenue le traitement standard du cancer anal, après l’essai ACT I. Cependant, seulement 2/3 des patients sont parvenus à un contrôle local, avec une survie à 5 ans de 50% ; donc, de meilleurs traitements s’avèrent nécessaires. Nous avons mené des investigations afin de définir si le changement de la mitomycine par la cisplatine dans les traitements de radio-chimiothérapie améliorerait la réponse, et si la chimiothérapie de maintien à la suite de la radio-chimiothérapie améliorerait la survie.
Dans cet essai factoriel 2x2, nous avons recruté des patients atteints d’un cancer épidermoïde de l’anus histologiquement confirmé, non métastasé, dans 59 centres situés au Royaume – Uni. Les patients ont été répartis au hasard dans l’un des quatre groupes constitués, pour recevoir soit la mitomycine (12 mg/m2au jour 1) ou la cisplatine (60 mg/m2 aux jours 1 et 29), avec le fluorouracile (1 000 mg/m2 par jour des jours 1 à 4 et 29 à 32) et la radiothérapie (50,4 Gy en 28 fractions quotidiennes) ; avec ou sans cures de chimiothérapie – au nombre de deux – ( fluorouracile et cisplatine au cours des semaines 11 et 14). Le tableau de distribution aléatoire des traitements était généré par ordinateur, et les patients convoqués et informés par téléphone. La randomisation a été effectuée par minimisation et stratifiée en fonction du site de la tumeur, des stades de développement T (tumeur) et N (ganglion), du sexe, de l’âge, et de la fonction rénale. A la fois les patients et les investigateurs avaient accès au tableau de randomisation. Les critères principaux de mesure étaient la réponse complète à 6 semaines, les effets toxiques aigus (au cours de la radio-chimiothérapie), et la survie sans progression (maintien). Les analyses principales ont été effectuées sur population en intention de traiter. (…).
Nous avons recruté 940 patients : 472 patients ont été placés sous mitomycine, 246 d’entre eux faisant partie du groupe ne recevant pas de chimiothérapie de maintien, les 226 autres patients recevant la chimiothérapie de maintien ; 468 patients ont été placés sous cisplatine, 246 d’entre eux faisant partie du groupe ne recevant pas de chimiothérapie de maintien, les 222 autres recevant la chimiothérapie de maintien. La durée médiane de suivi était de 5,1 ans (Intervalle Interquartile - IIQ - 3,9-6,9). 391 des 432 (90,5%) des patients du groupe mitomycine versus386 (89,6%) des patients du groupe cisplatine ont montré une réponse complète à 26 semaines (différence -0,9% ; Intervalle de Confiance – IC – 95% de -4,9 à 3,1 ; p=0,64). Les effets toxiques se sont révélés globalement similaires dans chaque groupe (334/472 [71%] pour le groupe recevant la mitomycine versus 337/468 [72%] pour le groupe recevant la cisplatine). Les effets toxiques de grades 3-4 les plus communément relevés étaient cutanés (228/472 [48%] versus222/468 [47%]), douleur (122/472 [26%] versus135/468 [29%]), hématologiques (124/472 [26%] versus 73/468 [16%]), et gastro-intestinaux (75/472 [16%] versus 85/468 [18%]). La survie sans progression à 3 ans était de 74% (IC 95% 69-77 ; chimiothérapie de maintien) versus 73% (IC 95% 68-77 ; sans chimiothérapie de maintien ; hazard ratio (HR) 0,95, IC 95% 0,75-1,21 ; p=0,70).
Les résultats de notre essai – le plus important portant sur le cancer de l’anus à ce jour – montre que le fluorouracile et la mitomycine avec une radiothérapie dosée à 50,4 Gy en 28 fractions quotidiennes devraient rester le traitement standard en pratique au Royaume – Uni. Prof Roger D James FRCP et al, in The Lancet Oncology, Early Online Publication, 9 April 2013
Financement: Cancer Research UK
Source: The Lancet Online / Traduction et adaptation: NZ