Si on jouait aux Playmobil ?

Dans les années 70/80, quand mes enfants étaient petits et comme tous ceux de leur génération, filles et garçons adoraient jouer aux Playmobil.
Ils faisaient des routes qu'ils bordaient de maisons en lego et ils mettaient dans leur ville imaginaire tous les panneaux de signalisation dont ils disposaient. Tous ces panneaux, c'était surtout pour meubler, ou pour faire joli, ou pour faire comme "si qu'on disait qu'cétait vrai" ! Pas sûr que leurs petites autos respectaient la signalisation mais l'essentiel était que ce soit ludique.
Leur génération devenue adulte, ils font maintenant la même chose pour de vrai et, dans leurs kits, ils disposent d'un tas de nouveaux panneaux, de radars, pédagogiques ou pas, de casse-vitesse et autres coussins de Berlin...
Je ne sais pas s'ils s'amusent bien, mais en tous cas, ils en ont semé partout dans les deux ou trois pauvres rues que compte mon patelin, et les divers gadgets ont bien poussé partout malgré le froid et le manque d'arrosage d'un printemps qui tarde à se manifester. Du coup, mon patelin ne ressemble plus à un patelin mais à une caricature de chambre d'enfant. J'espère vainement que leurs mamans interviennent : "range ta chambre" et que tous ces beaux joujoux rejoignent les petits bonshommes en plastique dans la vieille valise en carton qui leur sert de rangement.
Les rares accidents qu'il y a eu dans mon village ont été le résultat de comportements fous qu'aucune signalisation n'aurait empêchés. Quant aux enfants, ils jouaient dans notre petite rue avec leurs copains en toute sécurité. Les riverains ayant vieilli, il n'y a plus d'enfants dans ma rue et ceux des autres rues vont jouer sur une aire de jeux avec des toboggans et des jeux bariolés et coûteux, parce que les gamins des villages, bien que disposant d'une aire de jeu naturelle exceptionnelle, ils n'ont pas d'imagination et veulent la même chose que les gamins des villes. Et comme pour se rendre dans la fameuse aire de jeu il faut traverser une pseudo-rue qui n'était pas goudronnée il n'y a pas si longtemps, il faut sécuriser la traversée des gamins.
Certes, la vie d'un enfant n'a pas de prix, celle d'un adulte non plus d'ailleurs. Mais n'y a t-il pas moyen que les utilisateurs du territoire rural vivent en bonne entente et se partagent l'espace dans un respect réciproque ?
Voici un petit échantillonnage non exhaustif de ces panneaux tout nouveaux tout beaux. Je ne nie pas que certains soient utiles, mais beaucoup me font rire... en couleurs.
Le radar péda-démagogique qui ne fonctionne toujours pas. Manque de soleil ?
Placé à l'entrée en venant de Sexey qui n'est pas l'endroit où l'excès de vitesse est le plus dangereux. Difficile d'aller beaucoup trop vite ici, à moins d'avoir survolé l'épingle à cheveux dans la descente de la Treiche ou zappé la balise en venant le long de la Moselle par la piste cyclable.
Accès au pont sur la Moselle : 3 groupes de panneaux dont un doublon. On y apprend que la baignade est interdite, ce dont se moquent tous ceux qui, aux beaux jours, sautent depuis le parapet en toute connaissance du danger. Les gendarmes patrouillent en été mais dès qu'ils ont tourné le dos... Ce qu'on oublie de signaler, c'est que le pont a un gros défaut et tend à s'affaisser, ce qui justifie la limitation à "9 t sauf bus" pour permettre le passage du ramassage scolaire !
Pierre est équipé d'un terrain de foot avec un vestiaire tout beau, tout rénové. Les footeux sont tellement sportifs qu'ils avaient l'habitude de stationner le plus près possible du stade en dépit des règles minimum de sécurité. Les défenses et armes anti-footeux se matérialisent sous forme de plots, de panneaux de stationnement interdit et du fléchage du parking... dont ils n'ignorent pas l'existence puisqu'ils le traversaient à toute vitesse pour se garer au plus près, à l'ombre des marronniers. C'est à cause du comportement inconscient de ces non Pierrats que le coin est défiguré. Ce n'est pas faute de les avoir prévenus !

Comme dans toute localité, la vitesse est limitée à 50km/h, c'est le code : pas besoin de le signaler. Mais on a aussi une zone à 45km/h et, comme en ville, une zone 30km/h.
Pour cet endroit derrière le village qui n'est pas officiellement une rue, faudrait être kamikaze et ne pas craindre pour ses amortisseurs. Ceux qui empruntent ce chemin criblé de nids de poules le savent. Est-ce vraiment possible de rouler là à plus de 30 ?
Les fameux coussins de Berlin... celui-ci, signalé par un panneau bleu (indicateur), est très mal placé, mais il évitera peut-être d'entrer dans l'église avant même que le Bon Dieu ait eu le temps d'ouvrir les portes. En revanche, pas moins de 4 ont été installés le long de l'espace Poussot... signalés -un comble- comme un danger !



Quelques panneaux moins contestables, bien que celui indiquant le dos d'âne était déjà en place quand un fou jouant à y faire des décollages "sportifs" a provoqué le seul accident de la route avec un mort depuis que j'habite à Pierre. Il y a eu d'autres accidents plus ou moins graves sur le territoire communal, mais pas dans le village proprement dit.

Enfin, cerise sur le gâteau, deux panneaux qui me font bien rire. - Celui à côté de l'alambic : j'imagine les pompiers arriver sirènes hurlantes alors que toute la précieuse mirabelle est partie en fumée et que le type qui distillait a eu 3 fois le temps de prendre la poudre d'escampette.
- Et celui devant la mairie à l'humour involontaire.
Est-ce bien utile de rappeler que trop de signalisation tue la signalisation ?
Un "détail" que j'allais oublier : cette "modernisation" de la signalisation a été financée par une dotation du Conseil Général d'un montant de 15 513 € TTC.
Merci de m'avoir lue, désolée si j'ai été un peu longue, si j'suis une vieille radoteuse avec mes "de mon temps"... comme si "avant" c'était mieux.