Avec sa mise en plis indécrottable et ses tailleurs un peu vieux jeu, elle a bon dos, Margaret Thatcher. Première femme à diriger un gouvernement d’une démocratie d’Europe occidentale, elle a représenté tout ce que la gauche a pu haïr depuis trente ans (et le chanteur Renaud ne l’avait pas ratée): le libéralisme à outrance, l’intransigeance face au terrorisme, l’opiniâtreté jusqu’au conflit armé. Mais aussi la volonté de fer, la capacité de traverser les épreuves les plus dures. Le courage des réformes. A croire que personne n’a su l’apprécier, et qu’on ne pouvait l’évoquer qu’avec terreur, jusqu’à son nom, que certains francophones prononçaient « tas de chair »; pour marquer sa supposée cruauté.
Il faut dire qu’elle a presque tout osé. Le conflit armé avec un état qui n’était pas tout à fait une démocratie, et qui lui avait piqué un lopin de terre à quelques dizaines de milliers de kilomètres, les îles Malouines – ou Falkland chez nos voisins. De même, le bras de fer avec des membres de l’IRA en grève de la faim, jusqu’à les laisser périr, un après l’autre.
On imagine mal un politique de notre époque tenir front comme elle le fit, sure de son bon droit et de ses méthodes. Au premier pas de travers, les sondeurs et les sondages auraient sonné le rappel. Mais pas pour Margaret Thatcher, qui propulsa le Royaume-Uni dans le XXIe siècle grâce à une solide, mais pénible, décharge électrico-politique.
Finalement, Margaret Thatcher aura été la plus Gaullienne des premiers ministres britanniques. Comme l’évoquait un humoriste ce matin à la radio, elle fut la première femme à la tête de l’état britannique, et n’a été suivie que par des femmelettes. Tout un programme, aurait dit feu Mongénéral.